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CHOLOKHOV MIKHAIL (1905-1984)

La plume et la carabine

Mikhail Cholokhov est né en 1905 à Kroujilino (près du Don) d'une mère analphabète, descendante de ces serfs fugitifs qui ont peuplé la région. Son père est alors gérant de diverses maisons de commerce. Cholokhov partage la vie des Cosaques dépeinte dans la première partie du Don paisible. La guerre civile l'empêche de terminer ses études au gymnase, et à quinze ans il doit travailler. Successivement commis, expéditionnaire, il participe en même temps à la lutte armée avec les Rouges contre les Cosaques révoltés en 1919-1920. Il compose des pièces de théâtre et il en interprète les rôles comiques avec brio sur la scène du théâtre de son village. Après son mariage en 1924, il connaît son premier succès littéraire avec les Récits du Don (1925), recueil de nouvelles publiées d'abord dans les revues et qui le rapprochent des écrivains cosaques Séraphimovitch et Trenev. Un séjour à Moscou de 1922 à 1925 le détourne définitivement des cercles littéraires qu'il juge artificiels et dont il se fera le critique mordant.

De retour dans sa province, il ne la quittera que pour de brefs séjours à l'étranger (en 1930, invité par Gorki à Sorrente, il est retenu par les autorités à Berlin, voyage en France, en Scandinavie, en Italie et – l'épisode est célèbre – aux États-Unis avec Khrouchtchev) et à Moscou. Il commence la grande épopée du Don à laquelle il travaille près de quinze ans (premier volume publié en 1928, dernier volume en 1940), et en 1930 Terres défrichées, œuvre de longue haleine (vol. I, 1932 ; vol. II, 1959).

La guerre de 1940 le déracine comme tant de millions de Soviétiques brassés par de gigantesques mouvements de population. Correspondant de presse, il est envoyé sur tous les fronts, et il compose une série d'articles, œuvres de publiciste, de 1941 à 1949 : Sur le Don, La Science de la haine, 1942 (cette haine que les envahisseurs inculquent au mécanicien Guérassimov, porte-parole de Cholokhov dont la mère a été tuée au cours d'un bombardement), Le Dit de la patrie (1948), Lumières et ténèbres (1949). Il décrit les souffrances et les vertus du peuple soviétique, la barbarie des Allemands. Ces articles préparent naturellement l'œuvre finale, Le Destin d'un homme (1956) et Ils ont combattu pour la patrie (vol. I, 1959 ; vol. II, 1967) qui témoigne d'un univers élargi et d'un humanisme plus lucide. Ces derniers ouvrages occupent une position éminente dans un courant littéraire extrêmement fécond en U.R.S.S. (celui du « roman soviétique de guerre ») mais ne parviennent pourtant pas toujours à éviter le cliché et la banalité dans le tragique.

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Paris-XIII, président fondateur de l'Institut international Charles-Perrault

Classification

Autres références

  • RÉALISME SOCIALISTE

    • Écrit par , et
    • 3 542 mots
    • 1 média
    ...C'est la littérature qui exerçait l'influence la plus profonde et la plus large sur les masses. Certaines œuvres du début, tels Le Don Paisible de Cholokhov, ou La Défaite de Fadeïev, purent franchir les écueils du dogmatisme doctrinaire et se tailler une place importante en tant qu'œuvres littéraires....
  • SOVIÉTIQUE LITTÉRATURE DE GUERRE

    • Écrit par
    • 853 mots
    • 1 média

    Dans l'histoire des lettres soviétiques, la littérature de guerre proprement dite succède à la littérature de la guerre civile presque sans solution de continuité : Cholokhov publie le dernier livre du Don paisible en 1940 et La Science de la haine en 1942.

    Le foisonnement de la littérature...