GORBATCHEV MIKHAÏL (1931-2022)
Une image contrastée
La « gorbymania »occidentale tranche avec le désamour qui, en URSS, succéda très vite aux espoirs libérés par l'initiateur de la perestroïka. Le prix Nobel de la paix, que Gorbatchev reçut en octobre 1990, choqua une bonne partie de l'opinion soviétique, qui avait vu les conflits interethniques sanglants se multiplier et était sensible surtout à l'effondrement de son niveau de vie, quand l'Occident se réjouissait de celui du Mur de Berlin.
Mikhaïl Gorbatchev est certes le premier leader soviétique à ne pas disparaître de la scène publique après sa chute : il est en 1991 à l'origine de la fondation Gorbatchev, institut d'études socio-économiques et politiques, ainsi que de l'association écologique Green Cross International, dont il reste président-fondateur jusqu’en 2017. Toutefois, il ne pèse d'aucun poids dans le champ politique russe, comme l'atteste son score à l'élection présidentielle de 1996 (0,52 %). Beaucoup de Russes lui attribuent les maux de la Russie postsoviétique, accusant son manque de clairvoyance comme de détermination.
Il figurera sûrement parmi les hommes qui ont changé la face du monde, mais peu lui en sont reconnaissants en Russie. On lui reproche soit de ne pas avoir voulu expressément ce qu'il a fait, soit d'avoir précipité des événements qu'il n'a pas su accompagner.
La mort de Mikhaïl Gorbatchev, survenue le 30 août 2022 à Moscou, donne lieu à de nombreux hommages internationaux, notamment en provenance des capitales occidentales. En revanche, sa mémoire n’est pas vraiment célébrée en Russie, où beaucoup le tiennent pour responsable du déclassement qu’a connu le pays à la suite de la chute de l’URSS. Ainsi, le président russe Vladimir Poutine n’assiste pas à ses funérailles et ne décrète aucun jour de deuil national.
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Écrit par
- Myriam DÉSERT : professeure émérite en civilisation russe à Sorbonne-université
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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