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KOUTOUZOV MIKHAÏL ILLARIONOVITCH GOLENICHTCHEV (1745-1813) prince de Smolensk

Sauveur de la patrie et l'un des plus éminents chefs d'armée de toute l'histoire de Russie, Mikhaïl Koutouzov est allié à d'illustres familles. Instruit, polyglotte, il semble destiné à une carrière de courtisan ; mais il choisit l'armée et entre à l'école d'artillerie. Il voue un culte à Pierre le Grand, dont il reçoit un enseignement posthume par l'intermédiaire des grands capitaines qui furent ses élèves : Piotr Alexandrovitch Roumiantsev et Alexandre Vassilievitch Souvorov. Les dons naturels de Koutouzov le rapprochent du grand tsar ; de plus, le destin le met face à face avec le plus prestigieux homme de guerre de son temps, Napoléon, comme Pierre avait rencontré Charles XII de Suède. Koutouzov, comme son modèle, fit toujours preuve d'un total dévouement à la Russie et d'un désintéressement absolu. Montant continuellement en grade depuis 1761, il passe quarante ans en campagne, combattant les Polonais, les Turcs, enfin la Grande Armée. Actif, intelligent, rusé, il tire profit de toutes ses expériences militaires, devient un stratège et un tacticien hors pair. De 1770 à 1774, il combat, sous Roumiantsev, contre les Turcs. Il est blessé à Alouchta en Crimée, en 1774, et passe son congé de convalescence à l'étranger ; de retour en Russie, il fait partie de l'armée de Souvorov. Au cours d'une nouvelle guerre contre les Turcs, il perd un œil en 1788. La prise d'Ismaïl permet à la Russie de signer avec l'Empire ottoman la paix de Jassy en 1792. Nommé ambassadeur à Constantinople, Koutouzov occupe ce poste brillamment. Paul Ier, qui succède à la Grande Catherine en 1796, tient en demi-disgrâce Souvorov et les siens ; mais Alexandre Ier, monté sur le trône en 1801, nomme Koutouzov gouverneur militaire de Saint-Pétersbourg. Il le renvoie bientôt, car il sait que Koutouzov a deviné le rôle qu'il a joué dans l'assassinat de son père. Koutouzov se retire à la campagne. Alexandre le rappelle en 1805, mais repousse ses conseils à Austerlitz, provoquant ainsi le désastre russe. En 1811, à la tête de l'armée du Danube, Koutouzov remporte une victoire éclatante contre les Turcs, et, le 12 mai 1812, la paix de Bucarest met fin à la guerre russo-turque. Le 24 juin, Napoléon envahit la Russie et contraint les armées de Barclay de Tolly et de Bagration à reculer. Sous la pression de l'opinion publique réclamant « notre Koutouzov », Alexandre Ier nomme le général chef de toutes les forces armées. La bataille de Borodino (le 7 septembre) ne décide rien et l'armée russe fait retraite vers Moscou. « Pour sauver la Russie » Koutouzov ordonne d'abandonner Moscou, que Napoléon occupe mais qui est ravagée par un incendie volontaire. Koutouzov entraîne les partisans et prépare sa célèbre « marche-manœuvre », qu'il entreprend dès que les Français quittent Moscou (7 oct.) et qui conduit la Grande Armée de défaite en défaite, jusqu'à l'ultime catastrophe. Koutouzov conseille de s'arrêter provisoirement, mais Alexandre exige le départ des troupes pour l'Allemagne, pour « libérer l'Europe du tyran ». Le vieux Koutouzov, fatigué et mécontent, avance cependant avec succès ; à Bunzlau, en Silésie, il prend froid et meurt, pleuré par toute la Russie.

— Daria OLIVIER

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  • : diplômée d'études supérieures d'histoire, écrivain

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