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ZOCHTCHENKO MIKHAÏL MIKHAÏLOVITCH (1895-1958)

Né dans une famille noble cultivée d'Ukraine, Zochtchenko, engagé volontaire de la Première Guerre mondiale, blessé et gazé, connut la guerre civile, qu'il fit dans l'Armée rouge, puis une période de multiples activités et professions. Il fit ses débuts littéraires à Pétrograd en 1921, dans le cadre du groupe des Frères Sérapion. Prosateur comme la plupart des autres Sérapion, il se singularise tant par le succès extraordinaire qu'il rencontre immédiatement que par le caractère humoristique et satirique de son œuvre. La forme utilisée par Zochtchenko est le conte à la manière de Tchekhov. Zochtchenko élabore dès son premier grand recueil, Les Récits de M. Sinebrioukhov (Raskazy Nazara Iliča gospodina Sinebrjukhova, 1922), sa manière propre : le héros, personnage de condition médiocre ballotté par les événements, est lui-même le conteur. L'humour provient du décalage entre la médiocrité et la mesquinerie de ce héros et sa prétention à philosopher, entre les éléments de langage populaire et les formules prétentieuses employées à contresens. De plus l'auteur n'intervient pas, et c'est le héros lui-même qui se trahit, même et surtout lorsqu'il dit le contraire de ce qu'il pense.

La réalité quotidienne, celle de la N.E.P. d'abord, celle de la vie soviétique et de son administration ensuite permettront à Zochtchenko de suivre son héros favori, l'homme de la rue. En le plaçant dans des situations habituelles, mais dont le comique est poussé jusqu'au grotesque, il souligne sa vulgarité, dont il fait, comme Gogol, une des caractéristiques de l'homme. Profondément pessimiste, Zochtchenko dénonce les travers humains, mais son ironie est fortement teintée d'indulgence, voire de tendresse ; ce qui a fait dire parfois à la critique soviétique que Zochtchenko noircissait la réalité, mais aussi qu'il était du côté des petits-bourgeois. Le conte de Zochtchenko dénonçant la bureaucratie et ses méfaits prend parfois la forme du feuilleton, traitant de manière satirique un problème quotidien. Si Zochtchenko est un écrivain très fécond dans les années vingt, il se trouve en position plus difficile après 1930 pour des raisons tant personnelles que politiques. La Jeunesse retrouvée (Vozvraščënnaja molodost', 1923), marque un essai de renouvellement formel. Les œuvres qui suivront ne portent plus la marque personnelle de Zochtchenko, et l'auteur sera contraint au silence après les critiques subies pour Avant le lever du soleil (Pered voskhodom solnca, 1943), et surtout par le jdanovisme. C'est seulement après la mort de Staline que Zochtchenko verra à nouveau son statut d'écrivain reconnu. Ses œuvres ont été publiées en Union soviétique avec un immense succès.

— André RADIGUET

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, maître assistant à l'université des langues et lettres de Grenoble

Classification

Autres références

  • JDANOVISME

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    Les rouages de la société nouvelle sont décrits d'abord sous un jour satirique dans les récits de Boulgakov, d'André Platonov (1899-1951), et surtout de Zochtchenko, dont le comique et la portée satirique résident dans le personnage du narrateur, « homme de la rue » trahi par un langage contemporain...