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SZENTKUTHY MIKLÓS (1908-1988)

Romancier, essayiste, traducteur hongrois, Miklós Szentkuthy a obtenu son diplôme universitaire à la faculté des lettres de l'université de Budapest, ainsi qu'un doctorat d'anglais et de français (1931). Il fut le traducteur de Swift, Dickens et Joyce. Ses premières œuvres (Prae, 1934 ; Vers l'unique métaphore, 1935) firent beaucoup de bruit dans le monde littéraire : rompant avec les traditions de la prose hongroise, avec la pratique du récit linéaire, se laissant emporter par les jeux d'associations, mais soumettant en même temps ses idées les plus capricieuses et ses méditations rhapsodiques à une analyse rationnelle, Szentkuthy publia, pour ainsi dire, son journal spirituel. À partir de ses expériences vécues et de ses pensées notées en des séquences plus ou moins longues, le catalogue de notre univers (catalogus rerum) devait, selon ses intentions, se matérialiser en un livre. Dans son œuvre gigantesque : Bréviaire de saint Orphée, I-IV (1939-1942), à laquelle il ajouta de nouveaux tomes (en 1974, 1976, 1984), il compose, mêlés au torrent des impressions sensuelles, des portraits de papes, de rois, d'évêques, de courtisans, d'artistes, de saints et d'hérétiques. C'est dans un style rabelaisien, à travers une débauche d'imagination visionnaire, qu'il suggère sa philosophie historique : le principe ordonnateur de son œuvre monumental n'est pas seulement, en effet, la conception saisissante d'une personnalité hors du commun, mais aussi une critique, voire une parodie de la civilisation — simultanément un résumé de l'Europe et un adieu à l'Europe.

En 1957, après un long silence, Szentkuthy publie Divertimento, fantaisie sur la vie de Mozart, suivie d'autres romans historiques et biographiques : Chronique burgonde, 1959 ; Docteur Haydn, 1959 ; Dispute et marche nuptiale, 1960 ; Visage et masque, 1962 ; Fils de Saturne, 1966 ; Händel, 1967. Ces œuvres, où il évoque savamment l'époque et les héros choisis, s'ordonnent dans un cycle auquel il a donné à bon droit le titre récapitulatif d'Autoportrait en masques. Car, par le biais des figures de Mozart, Goethe, Dürer, Haydn, Händel et bien d'autres, Szentkuthy met en scène sa vie et ses obsessions exprimant dans un langage baroque son caractère protéen, sa sensualité et son mysticisme, ses révoltes et ses résignations. L'année même de sa mort parut un livre d'entretiens, intitulé Frivolités et confessions, dans lequel Szentkuthy racontait cette fois directement sa vie, avec une franchise parfois exhibitionniste, mais en même temps pleine d'ironie. Ces mémoires retracent aussi l'itinéraire de son cheminement spirituel. D'autres œuvres : Chapitre sur l'amour, 1936 (roman) ; Maupassant vu par un écrivain d'aujourd'hui, 1968 (essai) ; Testament des muses, 1985 (essais) ; Initiales et amens, 1987 (nouvelles, pièces radiophoniques, jeux de marionnettes) ; son roman sur Cicéron (1945) et son gigantesque journal intime ont été recueillis par les archives du musée littéraire de Budapest.

— Pal REZ

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