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MILIEU, écologie

Modalités de l'action des facteurs mésologiques et des réactions des organismes

Toutes les composantes du milieu, biotiques et abiotiques, doivent être placées par l'écologiste dans une perspective temporelle, tenant compte d'abord de la durée de leur action sur l'organisme et permettant ensuite d'apprécier leur influence sur l'espèce dont il fait partie, sans oublier les éventuelles variations subies par les facteurs mésologiques dans le passé.

On a déjà souligné qu'un facteur du milieu agit d'une manière continue, spécifique et nécessaire sur l'organisme qui vit dans ce milieu.

Un phénomène ne devrait pas être considéré comme faisant partie du milieu s'il n'évoque chez l'organisme aucune réponse. Pour illustrer la notion de nécessité, remarquons par exemple que la lumière de la lune est probablement un facteur d'orientation pour certains invertébrés, mais ne paraît jouer aucun rôle pour bien des oiseaux migrateurs ; elle ferait donc partie du milieu des premiers, mais non de celui des seconds.

La notion de spécificité fait intervenir celle du seuil de sensibilité, car un phénomène peut ne jouer aucun rôle dans le milieu où vit un organisme dès lors qu'il reste à des valeurs subliminaires pour cet organisme. Cela vaut pour des facteurs tant physiques que chimiques. Certaines longueurs d'onde de la lumière échappent à l'homme mais sont recueillies par des insectes. Bien des organismes euryhalins sont insensibles à des variations de salinité de l'ordre de un pour mille ; mais certaines crevettes réagissent à ces petites variations par d'importantes modifications de leur comportement. Il en est de même pour divers facteurs biotiques : la présence de certaines espèces peut passer « inaperçue » par d'autres tant que leur abondance n'atteint pas des valeurs importantes. En outre, le même facteur peut provoquer des réactions très différentes suivant les espèces, les individus, l'âge ou le sexe. L'eau ambiante est indispensable à la vie d'une grande quantité de larves d'insectes ; mais les adultes, à métabolisme aérien, se noient s'ils tombent dans l'eau. La rosée estivale du matin active les mollusques terrestres mais inactive beaucoup d'insectes bons voiliers ; la pluie réveille la faune du sol, mais bloque les mouvements de plusieurs animaux de surface ; elle empêche l'épanouissement de beaucoup de fleurs mais provoque la prolifération des Cyanophycées terrestres ; la tombée de la nuit bloque l'activité des organismes diurnes et déclenche celle des nocturnes.

Quant à la continuité de l'action – puisqu'un événement exceptionnel ne peut être considéré comme faisant vraiment partie du milieu d'un organisme –, elle n'implique nullement la constance du facteur considéré. Au contraire, les variations d'intensité du facteur et des réponses relatives de l'organisme, surtout si elles présentent un type cyclique, sont plutôt la règle dans la biosphère. Seuls certains organismes, qui vivent en conditions écologiques bien particulières, ne présentent pas de rythmes d'activité fondés sur les cycles des facteurs physiques environnants : c'est notamment le cas des endoparasites, qui, s'ils ont des rythmes biologiques, les modèlent directement sur ceux de leur hôte ; des animaux qui habitent des milieux très constants, tels que les grottes et les eaux profondes. Pour la plupart des organismes, au contraire, une variation saisonnière et nycthémérale de l'environnement représente une condition plus favorable au développement et à la reproduction qu'une constance artificielle de cet environnement telle qu'il est possible de l'obtenir au laboratoire. La plupart de ces rythmes fonctionnels reposent sur la situation astronomique de la Terre. Le rythme d'illumination solaire – auquel le rythme de photosynthèse est strictement[...]

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Écrit par

  • : professeur d'écologie à l'université de Paris-VI, directeur de l'Institut d'écologie et d'éthologie de Pavie

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