ÉQUATORIAL MILIEU
Les écosystèmes
Le milieu équatorial se caractérise biologiquement par la prédominance des forêts spontanément qualifiées de luxuriantes. En effet, ces écosystèmes, regroupés par les botanistes sous le terme global de forêts tropicales humides, forment trois grands ensembles particulièrement remarquables qui sont, par ordre d'importance : la forêt amazonienne, le bassin du Congo et les forêts d'Asie du Sud-Est. Ces forêts constituent non seulement les écosystèmes terrestres les plus complexes par leur structure mais également ceux qui abritent la plus grande biodiversité floristique et faunistique. En dépit de leur appellation commune, elles n'en sont pas moins extrêmement diverses selon leur altitude ou le terrain sur lequel elles sont installées. Vue du ciel, la canopée est une étendue de verdure extrêmement dense, mais sous cette couverture apparemment uniforme se cache un écosystème stratifié qui, tel un immeuble, abrite à chaque étage des locataires spécifiques.
La végétation
Sous ce climat chaud et moite, la végétation se développe en formant des couches successives. On y rencontre, du haut vers le sol : des émergents, arbres de 30 à plus de 70 mètres de hauteur qui, telles des sentinelles, dominent l'océan vert ; puis, la majorité des arbres – dont les houppiers, se juxtaposant, forment cette immense étendue émeraude – sur lesquels viennent se développer épiphytes et lianes (ces dernières reliant plusieurs de ces étages végétaux) ; et, enfin, au sol, de petits arbres, buissons et herbes souvent éparses.
Environ les deux tiers des plantes à fleurs vivent dans la zone tropicale et équatoriale dont quelque 85 000 espèces (soit 50 p. 100) sont localisées en Amérique centrale et en Amérique du Sud, 21 000 en Afrique tropicale, 10 000 à Madagascar et 50 000 en Asie du Sud-Est. Certaines familles ne sont présentes que dans cette zone, comme les Myristicacées (Myristicaceae) qui comprennent la noix de muscade ; d'autres possèdent également des représentants sous des latitudes tempérées, comme les Ébénacées (Ebenaceae) avec le plaqueminier, par exemple.
Une des caractéristiques les plus notables de ces forêts réside dans le fait qu'elles sont sempervirentes, c'est-à-dire toujours vertes. En effet, les feuilles des arbres tombent de façon progressive et continue tout au long de l'année, étant remplacées au fur et à mesure. Néanmoins, quelques essences perdent toutes leurs feuilles de manière synchrone et, parmi celles-ci, certaines fleuriront avant que les feuilles ne repoussent.
La stratification de cet écosystème est d'abord liée aux différents stades de croissance des arbres mais aussi à l'espèce même de ceux-ci. Ainsi, les Euphorbiacées (Euphorbiaceae) comprennent essentiellement des espèces de petite taille tandis que les Sapotacées (Sapotaceae) comme le moabi en Afrique centrale ou les Burséracées (Burseraceae) forment le toit de cet édifice végétal. Des diptérocarpacées (Dipterocarpaceae) ou des légumineuses sont, quant à elles, en majorité des émergents : Shorea superba (une dipterocarpacée), en Asie, peut atteindre 75 mètres de hauteur tandis que le tualang (Koompassia excelsa), une légumineuse également asiatique, tutoie le ciel de ses 80 mètres de hauteur. Les arbres dont les troncs sont tantôt parfaitement cylindriques (Agathis robusta), tantôt ornés à leur base de racines échasses (notamment les palétuviers dans les zones marécageuses) ou encore de racines contreforts (tels que les fromagers – genre Ceiba – ou les merbaux – genre Intsia) constituent les piliers d'une immense cathédrale dans laquelle très peu de lumière filtre. Ces contreforts, crêtes de bois se développant entre les racines latérales et la base du tronc, assurent la stabilité de l'arbre, parfois faiblement ancré. Les nutriments, en zone tropicale,[...]
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Écrit par
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015 - Emmanuelle GRUNDMANN : docteure en primatologie et conservation des grands singes, journaliste scientifique
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