TELLURIQUE MILIEU
Le milieu aquatique souterrain
Il convient de distinguer deux types de milieux : les terrains perméables en grand, et les terrains perméables en petit.
Terrains perméables en grand
Les terrains perméables en grand correspondent aux grottes et aux réseaux de fentes en pays karstique. Les hydrogéologues distinguent dans un karst trois zones superposées.
– La zone supérieure, ou zone de percolation temporaire, qui est caractérisée par un réseau complexe de fissures et de galeries et qui est parcourue verticalement par les eaux de pluie qui s'y infiltrent. Cette zone est souvent pourvue de galeries sèches plus ou moins horizontales qui correspondent aux lits d'anciennes rivières : c'est le milieu occupé par les grottes et par la faune cavernicole proprement dite, en particulier par ses représentants qui mènent une vie terrestre, Insectes essentiellement.
– La zone moyenne, ou zone amphibie, ou zone de circulation permanente correspond aux rivières souterraines qui s'échappent du karst par les résurgences ou les exurgences. L'eau y circule dans un plan horizontal ou peu incliné. Le niveau d'eau oscille entre la surface piézométrique d'étiage et le niveau des hautes eaux très variables. Des crues soudaines entraînent une grande turbulence de l'eau et amènent de l'extérieur une quantité non négligeable de nourriture sous la forme de débris organiques divers. L'analyse faunistique montre qu'un massif karstique représente un système ouvert pouvant recevoir des espèces épigées par l'intermédiaire des eaux de surface (R. Rouch, 1971). Dans les réseaux souterrains où l'eau circule, des sédiments déposés sur le fond constituent un milieu interstitiel atteignant 1,2 m d'épaisseur. Ce milieu est peuplé préférentiellement par les espèces hypogées ; au contraire, les eaux libres courantes du milieu souterrain sont surtout peuplées d'Harpacticides épigés transportés passivement. Ces observations montrent, d'une part, l'existence de connections entre les divers types d'eaux souterraines et, d'autre part, l'opposition nette que l'on rencontre entre le milieu interstitiel et le domaine des eaux libres.
– La zone inférieure, ou zone noyée, est toujours remplie d'eau (appelée eau profonde) car elle repose sur une couche imperméable. Elle renferme des réserves considérables qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de millions de mètres cubes pour un seul karst. L'eau profonde est sous pression puisqu'elle est située sous le niveau piézométrique ; son écoulement est toujours lent ; sa température est constante et généralement différente de celle des eaux superficielles.
L'étude de la zone noyée s'est développée grâce au filtrage continu des eaux de résurgence, entrepris pour la première fois en France par R. Rouch dans le massif de Sainte-Catherine, en Ariège. Cette technique a depuis été étendue en particulier aux Cent Fonts, ensemble de résurgences qui se jettent dans l'Hérault près de Saint-Guilhem-le-Désert. La faune de la zone noyée comprend surtout des Crustacés. Ce sont des Copépodes de la famille des Cyclopides (genre Speocyclops) et de la famille des Harpacticides ; des Syncarides (genre Bathynella) ; de nombreux Isopodes (Microcharon) ; des Amphipodes et notamment des Ingolfiella d'aspect filiforme et de nombreuses espèces de Niphargus et de Salentinella. On trouve aussi dans la zone noyée des Gastropodes de la famille des Hydrobiidés (genre Hadziella, Lartetia...). C'est enfin dans ce milieu que vit, surtout à l'état larvaire, le Protée, Amphibien Urodèle cavernicole de Slovénie.
La zone noyée renferme des populations importantes comme l'a prouvé le filtrage continu : on a pu estimer à un million par an le nombre de Copépodes Harpacticides rejetés chaque année par les exurgences[...]
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Écrit par
- Roger DAJOZ : sous-directeur, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Médias
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