POLAIRES MILIEUX
Géomorphologie glaciaire
L'érosion glaciaire
Sur le plan de la géodynamique externe, le domaine glaciaire se caractérise par une érosion spécifique, identique quelle que soit l'époque géologique, qui se différencie nettement des érosions dues aux agents purement météorologiques.
Processus morphogéniques
L'écoulement glaciaire développe les processus morphogéniques spécifiques qui aboutissent à une attaque des roches du lit et au transport des moraines.
La connaissance des mécanismes de l'ablation exercée par le glacier repose sur l'interprétation des micromodelés des lits glaciaires hérités et des portions de ceux qui sont en partie déglacés à la suite de la décrue amorcée il y a quelques décennies. Cette ablation consiste d'abord dans une abrasion exercée par la glace armée de matériaux durs, qui se manifeste par le poli des roches moutonnées et par des stries ou des cannelures orientées. Mais elle s'exerce sans doute plus efficacement par le délogement et l'arrachage de blocs parfois énormes aux dépens du fond. Ces blocs, pris dans la glace par suite d'une alternance gel-dégel, peuvent être entraînés par elle. Un tel défonçage suppose une dislocation préalable des affleurements rocheux par des diaclases, des fentes de gel ou des cassures dues aux pressions subies. Son efficacité dépend du degré de préparation de la roche et de sa résistance aux actions mécaniques.
Le transport des moraines s'effectue en surface (moraines latérales et médianes), à l'intérieur du glacier (moraines internes) ou sur le fond (moraines de fond). La capacité et la compétence de l'écoulement glaciaire apparaissent pratiquement illimitées. Des blocs de plusieurs dizaines de mètres cubes ont pu ainsi être déplacés sur des distances considérables. Dans le cas des moraines de fond, le matériel provient, au moins pour l'essentiel, de l'attaque du lit glaciaire. C'est la gélivation des versants supraglaciaires qui alimente au contraire les autres moraines.
En fait, la gélivation constitue un processus de fragmentation très actif dans les secteurs non englacés soumis à l'alternance du gel et du dégel. Les avalanches, les chutes par gravité et la solifluxion fournissent ses produits aux glaciers. À ces actions de la glace se combinent celles des eaux de fusion lors du dégel saisonnier ou diurne (fig. 2). Ces écoulements sont divers. Ils s'effectuent, en effet, dans des gorges ouvertes dans la glace appelées bédières (eaux supraglaciaires), à son contact avec les versants (eaux juxtaglaciaires), à l'intérieur même de la glace (eaux intraglaciaires) et sur le lit glaciaire (eaux sous-glaciaires). Les écoulements sous-glaciaires et juxtaglaciaires exercent une action dissolvante non négligeable sur les roches appropriées, et surtout une usure mécanique grâce aux charges grossières qu'ils entraînent. Tous contribuent au lavage des moraines et au transport des produits de l'ablation glaciaire. Des écoulements diffus, en chenaux instables ou en nappes, recueillent puis déposent ce matériel typiquement fluviatile au-delà du front glaciaire (eaux proglaciaires).
Il convient de tenir compte aussi des influences lithologiques. Toute fragmentation préalable des roches facilite l'ablation glaciaire (fig. 2). La gélivation périglaciaire semble particulièrement efficace dans le cas des inlandsis à progression lente. Elle met de l'abrasif en abondance à la disposition du glacier, qui se borne alors à assurer le nettoyage de ses produits.
L'efficacité glaciaire reste de toute façon fort variable selon le jeu de divers facteurs. Elle dépend, en premier lieu, de l'épaisseur de la glace, déterminant sa pression et son adhérence, c'est-à-dire du bilan alimentation-ablation défini par le milieu climatique. Les glaciers alpins bien alimentés sont aussi les plus rapides. À ces[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Yvon LE MAHO : directeur de recherche au CNRS, membre de l'Institut
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