POLAIRES MILIEUX
La vie
Même si l'on peut voir des visiteurs ailés à des centaines de kilomètres à l'intérieur du Groenland ou de l'Antarctique, ces régions polaires sont, au sens du vivant, les zones les plus désertiques de notre planète. La vie y dépend en grande partie des ressources marines. Ainsi, par exemple, on trouve une chaîne alimentaire dont le sommet est occupé par l'ours polaire dans l'écosystème marin de la banquise arctique.
Du point de vue de la biodiversité, une différence essentielle entre les deux régions polaires est que les continents s'avancent jusqu'à de très hautes latitudes en Arctique alors que le continent Antarctique est isolé à la fois par l'immense océan Austral et par l'efficace barrière que constitue le fort courant marin circumpolaire antarctique qui l'encercle.
La vision que l'on a des animaux polaires est souvent faussée. Ainsi, les manchots sont souvent considérés comme des oiseaux primitifs à cause de leur incapacité à voler. C'est en fait tout le contraire puisqu'ils correspondent à un stade très avancé de l'évolution, leurs ancêtres étant des oiseaux volants probablement proches des pétrels plongeurs actuels. Avec leur morphologie très hydrodynamique, leurs ailerons – qui leur permettent de se propulser dans l'eau à la vitesse de plusieurs mètres par seconde – et leurs aptitudes physiologiques à la plongée, ils sont remarquablement adaptés à la vie marine. Qui plus est, contrairement à une vision également faussée, les manchots ne sont pas uniquement inféodés à la glace antarctique : on les rencontre également le long des côtes d'Afrique du Sud et d'Amérique du Sud, et même jusqu'à l'équateur avec le manchot des îles Galápagos.
L'ours blanc est un animal remarquablement adapté au milieu de la glace de mer arctique. La spécialisation des animaux polaires en fonction des contraintes extrêmes des milieux constitue une menace pour eux eu égard à un changement climatique que les climatologues démontrent comme étant le plus rapide de toute l'histoire de la Terre.
Une plus grande biodiversité au Nord
Dans l'hémisphère Nord, la présence de terres à de très hautes latitudes a facilité les mouvements de populations animales et végétales, en fonction des fluctuations climatiques, et l'adaptation des espèces aux différents milieux. Ainsi, l'ours blanc a pour ancêtre l'ours brun de la toundra, son pelage blanc lui assurant le mimétisme nécessaire à la vie dans les glaces arctiques et sa grande taille lui permettant d'accumuler les réserves corporelles nécessaires à son long jeûne hivernal. Le continuum de terres entre les régions tempérées et la zone polaire arctique explique pourquoi l'on trouve aujourd'hui plus d'une centaine d'espèces de plantes à fleurs à 840 de latitude nord au Groenland. Inversement, seules deux espèces de plantes à fleurs sont connues à 560 de latitude sud, en raison de l'isolement de l'Antarctique. La flore antarctique se résume à des lichens et des mousses.
Alors que seulement quelques dizaines d'espèces d'oiseaux nichent en Antarctique, près de deux cents sont observées en Arctique, dont certaines y vivent tout l'année, comme le lagopède du Svalbard (Lagopus mutus hyperboreus) et la chouette harfang (Nyctea scandiaca). Toutefois, la plupart de ces espèces nicheuses sont représentées par des oiseaux migrateurs – cygnes, oies, canards, passereaux et limicoles – qui représentent des millions d'individus qui relient régulièrement l'Arctique aux autres continents, en transportant avec eux parasites, virus et graines de plantes. Ces mêmes espèces aviaires sont totalement absentes au sud. Certes, on trouve bien dans les Terres australes, sur les îles Crozet et Kerguelen, le canard d'Eaton (Anas[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Yvon LE MAHO : directeur de recherche au CNRS, membre de l'Institut
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