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FRIEDMAN MILTON (1912-2006)

Décédé le 16 novembre 2006 à San Francisco, à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, l'économiste américain Milton Friedman, né à New York le 31 juillet 1912, est une figure emblématique du libéralisme économique. Quatrième enfant d'une famille pauvre venue d'Europe centrale, il a une jeunesse studieuse. Élève brillant, il obtient une bourse pour des études de mathématiques et d'actuariat. Il se lie d'amitié avec un de ses professeurs, l'économiste Arthur Burns, qui l'incite à rejoindre l'université de Chicago pour y étudier sa discipline. Ce passage à Chicago, où il rencontre celle qui sera son épouse, Rose Director, déterminera sa vie. Il intègre la fonction publique en 1935, et travaille au National Bureau of Economic Research dans l'équipe de Simon Kuznets (Prix Nobel d'économie en 1971). En 1946, il obtient son Ph.D (l'équivalent de la thèse de doctorat en France) et entame une carrière universitaire qui le mène à New York, puis dans le Minnesota et, enfin, de nouveau à Chicago, où il fondera sa renommée internationale en tant que chef de file du courant de pensée monétariste.

Le théoricien reconnu du monétarisme

Auteur abondant, Milton Friedman cultive plusieurs registres, celui de l'universitaire rigoureux comme celui du militant et du polémiste habile qui soutient le Parti républicain et tient une chronique dans le magazine Newsweek. Ses idées trouvent leur cohérence dans l'opposition systématique au keynésianisme dominant des années où il commence sa carrière. Il s'emploie à démontrer que la politique économique inspirée par John Maynard Keynes et ses disciples n'a aucun impact sur la croissance, que ce soit par l'usage de la politique monétaire, de la politique de change ou de la politique budgétaire.

Son raisonnement porte principalement sur l'aspect monétaire de l'économie. Friedman part de ce que les économistes appellent l'équation quantitative de la monnaie dans sa forme p.T=M.V (où p représente les prix, T le volume des transactions, M la masse monétaire et V la vitesse de circulation de la monnaie), qui exprime une relation de proportionnalité entre la quantité de monnaie nécessaire pour réaliser des transactions au cours d'une période donnée et la valeur monétaire de ces transactions. Dans une monumentale étude historique qu'il publie en 1963 avec Anna Schwartz (Une histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960), il établit qu'à long terme V décroît, tandis qu'à court terme elle croît, si bien que V est constante en moyenne dans la période d'efficacité de la politique économique. Il considère, en outre, que le mécanisme monétaire déterminant est celui de la demande de monnaie, c'est-à-dire des besoins en monnaie estimés par les agents économiques et non pas celui de l'offre de monnaie, c'est-à-dire de la quantité de monnaie mise en circulation par la banque centrale. Toute augmentation de la masse monétaire décidée par les autorités monétaires et non désirée par les agents économiques est sans effet sur le comportement de ces derniers et donc ne modifie pas T ; V étant constante, elle se traduit par une hausse des prix.

À partir de là, Friedman développe une théorie de l'inflation qu'il résume dans la formule : « l'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire », formule qui lui vaut le qualificatif de monétariste. Il s'oppose en particulier aux économistes qui, s'inspirant des travaux du Néo-Zélandais Alban William Phillips, font de l'inflation un moyen de réduire le chômage. Pour Friedman, l'inflation traduit une augmentation de la masse monétaire et n'a aucun lien avec le chômage. Elle le ferait baisser si elle conduisait à une baisse du salaire réel. Mais, si les salariés se laissent d'abord surprendre, n'attachant d'importance qu'à leur salaire[...]

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