MIME ET PANTOMIME
Un spectacle musical
Philippe Laurent a été remplacé par Cossard. Deburau a pour concurrent John, le cadet de Philippe, et Charles Legrand, dit Paul, qui le double à l'occasion. La pantomime, pleine des exagérations romantiques, est à son déclin. Des littérateurs tels Charles Nodier (Le Songe d'or), Théophile Gautier (Le Tricorne enchanté) et d'autres essaient de la sortir de son esprit comique et suranné. Charles Bridault (Mort et remords) et Champfleury (Pierrot valet de la Mort et Pierrot pendu) l'entraînent momentanément sur la voie du réalisme. Deburau, que son état de santé éloigne de la scène, et son fils Charles qui lui succède laissent aux arlequins le premier rôle des pantomimes. Des compositeurs de musique commencent à s'y intéresser : Offenbach met en musique Arlequin barbier et Pierrot clown ; Hervé compose Pierrot au château, Jean Gilles, Pierrot cosaque, Pierrot quaker, La Sœur de Pierrot, Pierrot indélicat ; Maurice Sand, Nadar, Dantan jeune, Théodore de Banville écrivent des pantomimes. Acrobatique, puis bouffonne, la pantomime devient musicale. Derudder et Vautier, des polichinelles, Négrier, un arlequin, Laplace, un cassandre, Kalpestri et Guyon, des pierrots, se partagent les emplois dans les spectacles de pantomime jusqu'à la fermeture des Bouffes-Parisiens et des Funambules chassés du boulevard du Temple par les travaux de voirie. En 1864, un décret instituant la liberté des théâtres, les affranchissant de toute exclusive et supprimant les privilèges, permet à toutes les entreprises de représenter le genre dramatique qui leur convient. Les mimes se dispersent. L'usage de la parole leur étant désormais permis, beaucoup entrent au cirque comme clowns. Les autres deviennent acteurs ou parcourent la province. Bordeaux où la pantomime est toujours en faveur accueille Deburau fils. À Marseille, qui rivalise avec Bordeaux, Louis Rouffe ouvre une école de mime qui assure à la pantomime dite marseillaise, avec Séverin et Thalès, une primauté qui s'imposera difficilement quand le Cercle funambulesque, fondé en 1888 par Raoul de Najac, les frères Larcher et Paul Margueritte, essaiera de rendre à la pantomime traditionnelle le rayonnement qu'elle a définitivement perdu. Jacques Normand, Félicien Champsaur, Camille de Saint-Croix, Paul Hugounet, Catulle Mendès, Armand Sylvestre, René Maizeroy collaboreront avec Francis Thomé, Edmond Audran, Gabriel Pierné, Raoul Pugno, André Wormser pour transformer en apothéose cette renaissance où Félicia Mallet, les frères Coquelin, Mévisto aîné, Courtès et des danseuses célèbres assureront leur renommée dans des rôles de pierrots, de pierrettes et de colombines. Mais faute de mimes qualifiés, le Cercle funambulesque cessera ses représentations déjà fort espacées. Aussi, dès qu'il se consacrera à la pantomime blanche, Georges Wague verra croître son autorité de mime. Sous le nom de cantomimes, Wague interprète par le geste les Chansons de Pierrot composées par Xavier Privas et mises en musique par Gaston Perducet.
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Écrit par
- Tristan RÉMY : homme de lettres
Classification
Médias
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