MIMÉTISME, zoologie
Les déguisements
Dans tous les cas précédents, c'est le corps même de l'animal qui prend une couleur ou une forme donnée et assure le camouflage. Mais il est des cas où l'animal emprunte au milieu des éléments dont il se couvre, semblant ainsi s'habiller. Il s'agit là non pas de faits d'intelligence, mais de faits de comportement. Ce cas, le moins fréquent dans la nature, bien que le plus varié, est celui qui se rapproche le plus des réalisations humaines. De tels déguisements se rencontrent parfois chez des insectes qui cachent leur corps dans un fourreau (larves des Trichoptères ou porte-bois, chenilles des Psychides). Certains Planipennes (Chrysopaprasina) recouvrent leur corps de leurs vieilles exuvies et des cadavres des pucerons dont elles se nourrissent. Les fausses chenilles de la tenthrède limace sont recouvertes d'un mucus gluant contenant leurs excréments. Chez les Crustacés (crabes, pagures), les déguisements sont plus fréquents. Les bernard-l'hermite, ou pagures, Crustacés à abdomen mou, vivent cachés dans les coquilles vides des Gastéropodes marins, mais ils cherchent là plus une protection contre les chocs qu'une dissimulation. Cependant ces coquilles sont souvent recouvertes d'éponges ou d'anémones de mer (actinies) et il ne s'agit pas là d'un hasard, car il y a de véritables associations entre le pagure et l'actinie qui le camoufle et le défend. Aussi chaque espèce de pagure possède-t-elle une actinie qui lui est inféodée (Sagartiaparasitica sur Eupagurusbernhardus, et Adamsiapalliata sur E. prideauxi). Le pagure ne subit pas passivement la présence de l'actinie, puisqu'il emporte son actinie lorsqu'il change de coquille.
Les crabes Oxyrhynques (araignées de mer), eux, déguisent littéralement leur carapace avec des algues, des cailloux, des morceaux de coquilles. Si on les débarrasse de leur revêtement, ils s'en recouvrent aussitôt. Le crabe saisit l'éponge ou l'algue, la porte à sa bouche, non pour la manger, mais pour y déposer un liquide agglutinant et, à l'aide de ses longues pattes, l'accroche sur son dos aux poils recourbés en crochets et souvent barbelés dont la carapace est garnie. Mais le fait le plus remarquable chez ces crabes, c'est qu'ils recherchent des substrats sur lesquels ils sont homochromes et qu'ils sont capables de changer de déguisement lorsque leur camouflage ne correspond plus à la couleur du milieu. Des expériences faites en France par R. Minkiewicz (1907) sont caractéristiques. Il constate que des crabes du genre Maia dont la carapace a été débarrassée de tous ses débris, placés dans des aquariums dont les parois sont couvertes de papiers de couleur, choisissent, pour se couvrir, les papiers correspondant à la couleur du milieu. Si ces crabes ainsi habillés sont ensuite transportés dans des aquariums dont les deux moitiés sont différemment colorées, ils se dirigent vers la moitié de l'aquarium dont la couleur correspond à leur revêtement. D'autres crabes du genre Hyas, revêtus d'algues rouges et introduits dans des aquariums tapissés uniquement avec des éponges, sont capables de changer leur déguisement et dès le lendemain ils sont recouverts exclusivement d'éponges. Ces comportements si proches du comportement humain sont d'interprétation controversée. On peut les rapprocher des activités d'imitation si répandues, par exemple, chez les oiseaux. De toute façon, le seul hasard ne saurait être invoqué à leur propos.
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Écrit par
- Robert GAUMONT : docteur d'État ès sciences
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