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MINAMOTO NO YORITOMO (1147-1199)

Le nom de Minamoto a été donné au Japon à des familles issues de princes impériaux réduits à l'état de simples sujets ; la branche de Yoritomo a, depuis la fin du xe siècle, occupé des charges militaires et provinciales et essaimé dans les provinces, notamment du Nord et de l'Est. En 1159, Yoshimoto, père de Yoritomo, est écrasé par son rival, Taira no Kiyomori, et Yoritomo est condamné à l'exil dans l'Est et confié à la garde d'un obscur guerrier local, Hōjō Tokimasa. L'incapacité des membres de la famille Taira à contrôler efficacement les grands lignages militaires des provinces et les intrigues de la cour qui, supportant mal l'hégémonie des Taira, fait lancer contre eux par un prince, dans des conditions assez peu légales, un ordre de mise hors la loi, lui donnent la possibilité de commencer une révolte. Il réussit, non sans peine, à établir son autorité sur les provinces de l'Est, puis attaque les Taira dans les régions centrales et dans l'ouest du pays. Les opérations militaires conduites par ses frères, dont le plus célèbre est Yoshitsune, s'achèvent en 1185. Plus qu'un homme de guerre, Yoritomo est un organisateur, le fondateur du gouvernement militaire, ou bakufu, dont le siège est à Kamakura, dans l'est du pays. Il reçoit de la cour le titre de shōgun et fait en sorte d'inscrire parmi ses hommes les guerriers les plus influents de chaque province. Laissant subsister les institutions précédentes, il ne prétend pour sa part qu'organiser et contrôler les hommes de sa maison par l'intermédiaire de divers services à la tête desquels il place des fonctionnaires qu'il recrute dans les couches moyennes et inférieures de la bureaucratie de la capitale. Cependant, pour assurer le maintien de l'ordre, il obtient de la cour l'autorisation de nommer un de ses hommes dans chaque province comme protecteur (shugo) et dans chaque domaine comme officier domanial (jitō) chargé de veiller à la levée et à la répartition des taxes entre les ayants droit ainsi qu'à la sécurité. Ces charges lucratives lui permettent de récompenser ses plus fidèles vassaux. Il prend grand soin de soustraire totalement les guerriers à l'influence de la cour, qui pourrait exciter des querelles entre eux et même lui susciter des rivaux. Lui-même manifeste du respect à l'égard de la maison impériale et des aristocrates de Kyōto, qu'il visite deux fois, mais il établit ses bureaux et sa cour de justice à Kamakura. Quand il meurt, les principes et les organes du bakufu sont établis, mais la question des relations avec la cour et de la surveillance de Kyōto par les guerriers n'est pas réglée.

— Francine HÉRAIL

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Écrit par

  • : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur délégué

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Autres références

  • HEIKE MONOGATARI

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    • 1 586 mots
    Les Minamoto triomphent et leur chef Yoritomo se fait investir du titre de shōgun (régent militaire). Mais déjà la discorde divise les vainqueurs, annonçant leur chute inéluctable : Yoritomo, troublé par les conseils perfides de son entourage, jaloux des succès de son frère cadet Yoshitsune, projette...
  • HEIKE MONOGATARI (anonyme) - Fiche de lecture

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    • 846 mots
    Yoritomo, le sage, entreprend alors une longue réflexion sur les causes de l'ascension et de la chute des Taira. Il parvient à la conclusion suivante : leur fin est due à un abandon du mode de vie traditionnel de la caste des bushi, des « guerriers », au profit des délices de la vie de cour....
  • HŌJŌ TOKIMASA (1138-1205)

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    En 1192, Yoritomo, le chef du clan des Minamoto fondé au ixe siècle par un prince de sang impérial, reçoit le titre de sei-i-tai-shogun, « grand commandant militaire pour la soumission des barbares ». Cette promotion inaugure le shogunat, système dans lequel l'empereur n'a plus qu'une autorité...

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