MINÉENS

Nom d'un ancien peuple de l'Arabie du Sud. Les Minéens, qui sont mentionnés dans la Bible (Me‘ounim et Me‘inim des livres des Chroniques), se partageaient avec les Sabéens, leurs voisins méridionaux, les territoires du Yémen actuel. Les explorations archéologiques ont mis en lumière une expansion des Minéens dans le Hedjaz septentrional aux environs de l'oasis d'El ‘Ela (l'antique Dedan) où l'on a retrouvé plusieurs centaines d'inscriptions et de graffiti minéens. Un sarcophage du musée du Caire porte une inscription minéenne du temps des Ptolémées. Un texte bilingue en minéen et en grec, datant du ~ ii^e siècle, découvert à Délos commémore la piété de deux particuliers qui ont élevé un autel à Wadd et aux dieux des Minéens.

Les chefs qui appartiennent à la plus ancienne période de la civilisation sud-arabe portaient en Ma‘in, comme dans les autres États de l'Arabie Heureuse, le titre de mukarrib dont la signification est discutée. Le mukarrib est, aux yeux de certains spécialistes, un prince sacerdotal, un roi-prêtre dont le pouvoir théocratique sera remplacé postérieurement par le gouvernement de dynastes purement séculiers. Selon d'autres, le mukarrib serait plus simplement l'unificateur des différents éléments tribaux qui se trouvaient à l'origine du royaume.

Les mukarrib sabéens dont l'époque remonte au ~ viii^e siècle furent des souverains particulièrement énergiques et entreprenants. Ils imposèrent leur influence, puis conquirent définitivement le royaume de Ma‘in avant d'étendre leur hégémonie à l'ensemble des pays de l'Arabie méridionale qui, au iii^e siècle, ne forma plus qu'un seul État.

L'histoire des Minéens ne se sépare donc pas, pratiquement, sur le plan politique, de celle du royaume sabéen dont ils partagent les vicissitudes.

Le commerce caravanier et un admirable système d'irrigation assurèrent au royaume sabéen une extraordinaire opulence. Mais la guerre, la concurrence que le trafic maritime faisait au transport caravanier en amenèrent le déclin. Au iii^e siècle, les Éthiopiens d'Axoum réussirent à dominer pendant une trentaine d'années l'Arabie méridionale. L'hégémonie éthiopienne fut imposée à nouveau aux peuples du Yémen en 525. Les Éthiopiens furent remplacés par les Perses en 575, puis, bientôt après, par les Arabes musulmans.

Les Minéens, comme tous leurs voisins sud-arabes, étaient polythéistes. Leur panthéon était dominé par une triade de divinités astrales, à la tête de laquelle se trouvait le dieu Lune Wadd.

La langue des Minéens constitue avec le sabéen la langue minéo-sabéenne, que l'on appelle aussi parfois le himyarite en raison de l'importance que les textes reconnaissent à la tribu et au pays de Himyar, qui donneront leur nom au royaume sabéen avant l'invasion islamique.

Le minéen utilise un très bel alphabet, dérivé, avec de très notables modifications, de l'alphabet phénicien. L'écriture des inscriptions se lit tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite, tantôt en boustrophédon.

Sur le plan proprement linguistique, le minéen se distingue du sabéen par la forme s au lieu de h de la préformante causative et du suffixe personnel à la troisième personne. Comme les autres dialectes sud-arabes, le minéen présente avec l'arabe du Nord des ressemblances fondamentales qui justifient l'appellation d'arabe pour désigner les deux langues. Il en est séparé aussi par d'importantes divergences d'ordre phonétique, syntaxique et lexical qui le rapprochent soit du cananéen soit de l'éthiopien, qui utilise comme lui des racines inconnues en arabe septentrional ainsi que dans le reste du domaine nord-sémitique. Le sud-arabe survit aujourd'hui dans les dialectes de la côte du Mahra et de l'île de Soqotra.[...]