MINES, Antiquité gréco-romaine
L'État et les mines
On ne sait rien de l'organisation de l'exploitation des mines avant la période gréco-romaine. Le droit minier qui apparaît alors se fonde sur l'affirmation, plus ou moins nuancée selon qu'on est à Athènes ou à Rome, de la souveraineté de l'État sur les mines.
Le droit des mines
Ce droit, que l'on peut qualifier de régalien, est total à Athènes, où la propriété du sol est distincte de celle du sous-sol et où, précisément, les pratiques suivies par l'État athénien montrent sans l'ombre d'un doute qu'il en est ainsi. On le voit par exemple dans l'ouvrage de Xénophon, Les Revenus, écrit au ive siècle : l'auteur suggère que, pour augmenter ses recettes, l'État, entre autres mesures, imite les entrepreneurs auxquels il loue les mines et exploite directement le Laurion avec des troupes d'esclaves publics (Les Revenus, XVII sqq.), autant d'indices de la propriété de l'État.
Dans les royaumes hellénistiques, ce principe de la souveraineté de l'État sur les mines semble s'être maintenu, si l'on en juge par les exemples de l'Égypte (Diodore, Bibliothèque historique, III, 12) et de la Macédoine (Tite-Live, Histoire de Rome, XLV, 29, 11).
À Rome, cette souveraineté est aussi patente, d'autant que le droit romain ne fait pas de distinction entre la propriété du sol et celle du sous-sol. Étant par droit de conquête maître du sol provincial, l'État romain est du même coup maître du sous-sol et de ses richesses, les métaux comme la pierre (le mot metallum désignant aussi bien les carrières que les mines). Il peut certes déléguer ce droit à d'autres (cités, particuliers), mais ce droit est toujours révocable : peut-être faut-il interpréter ainsi la confiscation par Tibère des mines que Sextus Marius possédait en Espagne (Tacite, Annales, VI, 19). Cette forme de propriété, la possessio, est donc précaire et, même lorsque, à la fin du ive siècle, l'administration impériale légifère sur les carrières ouvertes dans des propriétés privées, c'est pour elle encore l'occasion de rappeler plus ou moins directement les droits souverains de l'État (Code théodosien, X, 19, 10 et 13).
Les régimes d'exploitation
Athènes
Les documents du ive siècle avant J.-C. concernant le Laurion montrent que l'État athénien n'exploite pas lui-même les mines. Il les loue par contrat à des entrepreneurs particuliers, et des magistrats, les poletai, sont chargés de l'établissement et de l'exécution des contrats. De nombreuses stèles retrouvées sur l'agora d'Athènes et datées entre 367 et 307 avant J.-C. affichent des contrats de ce genre : on y lit le nom de la mine (Hermaïkon, Poseidoniakon, Artemisiakon, Demètriakon, etc.), sa catégorie, le prix auquel elle a été louée. Dans ces inscriptions et dans un passage d'Aristote (Constitution d'Athènes, XLVII, 2), les catégories de mines sont désignées par divers qualificatifs – par exemple mines actives (ergasima), mines nouvelles (kainotomiai) –, mais le sens de certains d'entre eux (anasaxima, palaia anasaxima, sugkechôrèmena) est obscur, et cela empêche qu'on puisse se faire une idée claire et complète de l'organisation administrative des mines athéniennes.
Rome
À Rome, le régime administratif des mines a évolué de la République à la fin de l'Empire.
La République
Les informations dont on dispose ne concernent que les mines appartenant à l'État. En règle générale, l'État romain a répugné à exploiter lui-même ses metalla. Sous la République et encore au début de l'Empire, les censeurs louent, tous les cinq ans, les mines, comme les autres biens ou revenus de l'État (publica), soit à des individus, nommés publicani, soit à des compagnies appelées sociétés de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude DOMERGUE : professeur émérite d'archéologie, université de Toulouse-Le Mirail
Classification
Média
Autres références
-
LAURION MINES DU
- Écrit par André DAUBARD
- 218 mots
Le Laurion est une région montagneuse du sud-est de l'Attique, célèbre dans l'Antiquité pour ses mines de plomb argentifère. L'exploitation remonte, peut-être, aux alentours de ~ 1000.
En ~ 483, les Athéniens utilisèrent le filon pour financer la construction d'une grande flotte...