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MINES, Antiquité gréco-romaine

Les exploitants et la main-d'œuvre

À Athènes, les mines pouvaient être louées aussi bien à des citoyens athéniens qu'à des étrangers (métèques). À Rome, à la fin de la République, tant les citoyens romains que les Italiens (Diodore, V, 36, 3) sont impliqués dans la mise en valeur des mines d'argent d'Espagne. Par la suite, au fur et à mesure de l'intégration des Italiens, puis des provinciaux dans la cité romaine, l'exploitation des metalla sera ouverte à tous, des Ibères aux colons, d'origine illyrienne ou syrienne, de Dacie.

Dans les mines du Laurion, au ve et au ive siècle, la main-d'œuvre est essentiellement servile, comme le montrent la révolte des 25 000 esclaves employés dans les mines pendant la guerre de Décélie entre Athènes et Sparte (425 avant J.-C.), ainsi que les textes de Xénophon cités plus haut.

Pour l'époque hellénistique, le passage que le géographe grec Agatharchidès (iie siècle av. J.-C.) consacre aux mines d'or des souverains lagides en Égypte montre que tous ceux qui y travaillent (condamnés de droit commun, prisonniers de guerre) et leurs familles vivent aussi comme des esclaves (Diodore, III, 12-13).

Aux iie et au ier siècles avant J.-C., ce sont des foules d'esclaves que les Italiens emploient dans les mines d'argent d'Espagne (Diodore, V, 36, 4). L'utilisation d'une main-d'œuvre servile est aussi attestée dans les aurariae (mines d'or) de Dacie par les contrats écrits sur des tablettes découvertes au xixe siècle dans les galeries de Roşia Montanǎ. À Vipasca, des châtiments corporels sont infligés aux esclaves coupables d'avoir nui à la sécurité des mines ou d'avoir dérobé du minerai. Les hommes libres convaincus de semblables délits voient leurs biens confisqués et sont chassés de la mine.

La présence d'une main-d'œuvre libre, ainsi attestée à Vipasca, est confirmée, pour le Haut-Empire, par les inscriptions découvertes dans les mines d'Espagne (Ríotinto, mines d'or des monts de Tolède, etc.) et par les contrats des aurariae de Dacie, dont certains donnent des détails sur les salaires reçus par les mineurs.

Sous l'Empire, aucun témoignage ne fait état de l'emploi de prisonniers de droit commun dans les mines. C'est dans les carrières de marbre de Numidie que souffraient les chrétiens damnati ad metalla sur lesquels se lamente saint Cyprien au iiie siècle.

En revanche, il est probable que, dans le nord-ouest de la péninsule Ibérique, les populations locales aient été mises « en résidence surveillée » sous la garde de l'armée et tenues de participer à l'exploitation des dépôts alluviaux aurifères, pour laquelle une importante main-d'œuvre était nécessaire.

Dans les mines, la question de la main-d'œuvre a dû être cruciale. L'exemple précédent permet de comprendre qu'au Bas-Empire les metallarii aient cherché à fuir les mines, et que les autorités impériales aient pris des dispositions spéciales tant pour les en empêcher que pour les retrouver : plusieurs Constitutions impériales le montrent. Dès lors, on peut se demander si le déclin des mines romaines n'a pas eu pour cause principale un manque de main-d'œuvre, et cela dès le milieu du iiie siècle en Occident.

Des bonnets, des espadrilles, peut-être des genouillères, une gourde, le tout en spart, découverts dans des mines du sud de la péninsule Ibérique (Mazarrón, Aljustrel), faisaient partie de l'équipement des mineurs. Compte tenu de la chaleur qui devait régner dans les mines, les vêtements devaient être assez réduits : sur un relief provenant de la mine de Palazuelos (Jaén), les mineurs, musette en bandoulière, portent une simple tunique courte.

La vie quotidienne des mineurs est mal connue. Celle des esclaves, comme le montre le témoignage d'Agatharchidès sur[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'archéologie, université de Toulouse-Le Mirail

Classification

Média

Monde gréco-romain, géographie minière - crédits : Encyclopædia Universalis France

Monde gréco-romain, géographie minière

Autres références

  • LAURION MINES DU

    • Écrit par
    • 218 mots

    Le Laurion est une région montagneuse du sud-est de l'Attique, célèbre dans l'Antiquité pour ses mines de plomb argentifère. L'exploitation remonte, peut-être, aux alentours de ~ 1000.

    En ~ 483, les Athéniens utilisèrent le filon pour financer la construction d'une grande flotte...