MINETTE DE LORRAINE
La minette est le nom local désignant le minerai de fer oolithique qui affleure, en couches stratifiées, dans la région limite entre la Lorraine et le Luxembourg, selon une large bande à l'ouest de la Moselle.
La formation ferrifère est interstratifiée dans le Jurassique et est datée du Toarcien supérieur (180-175 millions d'années). Elle comprend de sept à huit couches, bien individualisées, dont la puissance manque de régularité et de continuité ; localement, les passages latéraux de la minette aux couches stériles ne sont pas rares.
La composition moyenne de la minette est, en pourcentage, la suivante : 27 à 40 p. 100 de fer (Fe) ; 4 à 22 p. 100 de silice (SiO2) ; 1 à 9 p. 100 d'aluminium (Al2O3) ; 3 à 19 p. 100 de chaux (CaO) ; 0,5 à 1,7 p. 100 d'anhydride phosphorique (P2O5). La faible teneur en fer est caractéristique de cette minéralisation, ainsi qu'un fort pourcentage de phosphore. Les teneurs en fer et en calcium varient en sens inverse. Le minerai est terreux.
La structure du minerai est oolithique. Chaque oolithe est formée de couches concentriques de limonite plus ou moins argileuse autour d'un ou de deux centres, qui peuvent être un résidu de chlorite, ou de sidérite, très rarement un reste organique (échinodermes, articles de crinoïdes, petits gastéropodes). La surface en est lisse, brillante et de couleur brune à jaune-rouge.
L'analyse des oolithes isolées donne 53 p. 100 de Fe. Le ciment qui les réunit est un mélange de calcaire, d'argile, de silicates de fer, voire de sidérite ; il devient siliceux par une plus grande prédominance des grains de quartz mélangés ; tantôt blanc, tantôt gris noirâtre, tantôt brun, tantôt vert, il est peroxydé et devient jaunâtre aux affleurements. La teneur en fer du ciment ne dépasse pas 35 p. 100.
Au point de vue minéralogique, la limonite est le plus abondant des minéraux, les autres étant représentés par la sidérite, la chlorite (chamosite) et l'hématite.
Si des traces d'activité extractive remontent à des temps très reculés, ce n'est qu'au xixe siècle que ce gisement de fer a été réellement mis en valeur par des exploitations souterraines. La mise au point, en 1887, par les Anglais Sidney G. Thomas et Percy Gilchrist, d'un revêtement basique adapté au convertisseur Bessemer (datant de 1856), a permis d'utiliser les minerais riches en phosphore (comme celui de Lorraine), cet élément – qui rend la fonte cassante – étant alors éliminé en présence d'un excès de chaux (contenu dans le revêtement). Pendant plus d'un siècle, le minerai lorrain a alimenté l'industrie sidérurgique. Après avoir atteint son maximum dans les années 1960 (plus de 60 millions de tonnes de minerai extraites), la production a chuté devant la concurrence de minerais étrangers plus riches en fer et aux coûts d'exploitation moins élevés. Toute exploitation a cessé depuis 1997.
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Écrit par
- Guy TAMAIN : docteur ès sciences, chargé de recherche au C.N.R.S.
Classification
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