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MINIATURE

L'art de la miniature dérive de l'enluminure médiévale ; il lui emprunte aussi son nom, puisque le terme de miniature semble provenir de minium, couleur rouge employée dans la décoration des manuscrits. Il n'est pas à exclure, en outre, que l'origine du terme puisse être trouvée dans le mot latin minus, « plus petit », d'où dériverait miniature, peinture de petites dimensions. Au xviie siècle, le mot s'orthographiait « mignature » et Diderot y reconnaissait la même racine que « mignard », délicat.

La miniature fait son apparition au xvie siècle, où elle est surtout utilisée pour des portraits, aisés à conserver et à transporter. Mais, dès la seconde moitié du xvie siècle, elle ne se consacre pas exclusivement à cette fin ; des paysages, des scènes religieuses ou mythologiques, et plus tard des scènes de genre ou d'actualité s'adaptent à ses dimensions restreintes. Considérée comme un objet d'art en soi, elle participe aussi à la décoration, ornant des bijoux, des boîtes et des bonbonnières. Si pour cet art le xviiie siècle correspond à l'apogée et au moment de plus grande faveur auprès du public, la miniature connut encore une période brillante dans le premier quart du xixe siècle ; par la suite, l'évolution du goût et l'apparition de la photographie provoquèrent sa décadence et sa presque totale disparition.

La miniature ne peut être tenue pour un art mineur. Que des artistes de première importance, de Holbein le Jeune à Fragonard, s'y soient consacrés mérite de retenir l'attention ; au xviiie siècle, en France, les miniaturistes accédaient à l'Académie et exposaient aux Salons. D'autre part, la miniature obéit à ses propres lois et a son autonomie par rapport à la peinture de grandes dimensions ; certains artistes, parmi ceux qui ont conféré à ce genre le plus grand lustre, furent exclusivement des miniaturistes. Le nombre élevé des ouvrages consacrés à la miniature depuis la fin du xixe siècle atteste l'intérêt de son étude, non seulement pour l'histoire des mœurs, du costume et de la décoration, mais aussi dans le cadre le plus large de l'histoire de l'art et de la civilisation.

Les techniques

Il convient d'exclure ici la miniature à l'huile, sur bois ou sur métal, qui relève directement de la peinture. La miniature, au xvie siècle, utilise la gouache sur parchemin ; au moment où elle s'émancipe du livre enluminé, le parchemin est tendu sur un carton de faibles dimensions, souvent une carte à jouer. Dans les débuts, les personnages se détachent sur des fonds unis, surtout bleus ; les ombres sont à peine indiquées et les détails des vêtements exécutés avec un soin minutieux. Dès la fin du siècle, la palette s'enrichit, des ombres plus marquées soulignent les volumes, dotant les paysages d'un espace en profondeur.

Au xviie siècle s'impose une technique nouvelle qui devait connaître un remarquable développement, la miniature sur émail ; héritière d'un procédé ancien, mais en ayant perfectionné les détails techniques et les coloris, elle autorise des effets différents de ceux de la gouache, et qui ont de plus le mérite d'être inaltérables. Au début du xviiie siècle, les artistes découvrent dans l' ivoire un support aisé à peindre à la gouache et dont la couleur naturelle s'identifie avec celle des chairs. Plus tard, l'emploi se généralisa de plaques d'ivoire mince et légèrement transparent, qui permettaient d'utiliser le verso pour renforcer certains tons ; on pouvait aussi placer au verso des feuilles d'argent, appelées paillons, qui accentuaient l'effet lumineux. La tendance étant, à la fin du siècle, d'agrandir les pièces, certains artistes, par souci d'économie, se servent d'épais cartons où s'incrustent, à l'emplacement des chairs, des parties d'ivoire.[...]

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Écrit par

  • : conservateur au cabinet des Dessins du musée du Louvre

Classification

Média

<it>Miniatures</it>, A. Oliver - crédits :  Bridgeman Images

Miniatures, A. Oliver

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