MINIATURE
XVIe et XVIIe siècles
Il paraît certain que Lucas Horenbout, peintre de portraits à la cour du roi Henri VIII à Londres, ait produit des miniatures ; en 1521, Dürer acquit à Gand une miniature de sa fille, Susanna Horenbout. C'est peut-être sur les conseils de Horenbout que Hans Holbein le Jeune exécuta, pendant ses séjours en Angleterre (1526-1528, 1532-1543), des portraits-miniatures, d'une grande précision graphique et d'une remarquable qualité d'exécution, qui sont à l'origine de la faveur que connut le genre dans ce pays. De nombreux miniaturistes sont mentionnés à la cour de la reine Élisabeth ; en premier lieu, Nicholas Hilliard, habile orfèvre et miniaturiste, à qui l'on doit sans doute le célèbre Armada Jewel, et son élève Isaac Oliver, Français de naissance, établi à Londres vers 1560. Les œuvres de John Hoskins, probablement exécutées en collaboration avec son fils, témoignent de recherches psychologiques significatives de l'évolution de l'art du portrait anglais au xviie siècle. L'influence d'Antoine Van Dyck oriente la miniature vers une largeur d'exécution et une vigueur expressive qui triomphent dans les œuvres de Samuel Cooper, le plus remarquable miniaturiste anglais du xviie siècle, surnommé le Van Dyck de la miniature ; né en 1609, élève de Hoskins, Cooper exécuta les portraits de Cromwell et des représentants de la société puritaine, avant de devenir peintre du roi Charles II ; son frère aîné, Alexander Cooper, travailla à La Haye, Amsterdam, Copenhague et Stockholm où il fut nommé peintre de la reine Christine.
En France, c'est à Jean Clouet qu'il faut attribuer les débuts du portrait en miniature ; à son fils François sont dus les portraits-miniatures de Catherine de Médicis et de Charles IX conservés à Vienne, où se retrouvent, alliées à la finesse du coloris, les qualités psychologiques de ses dessins. Une mention particulière doit être accordée, au début du xviie siècle, à Daniel Rabel, subtil peintre sur parchemin de fleurs et de costumes de ballets. La technique de l'émail, qui jouit en France d'une ancienne tradition, fut étudiée et améliorée par Jean Ier Toutin, né à Châteaudun en 1578, et par ses fils Henri et Jean II ; dans cette technique s'illustrèrent particulièrement le Genevois Jean Petitot, Louis du Guernier, Louis de Châtillon, peintre sur émail de Louis XIV, et Jean-Philippe Ferrand, qui publia en 1721 un ouvrage sur L'Art du feu ou de peindre en émail.
Le rôle de la Suisse dans le développement de la peinture sur émail fut de première importance. Jean Ier Petitot, né en 1607, travailla avec son collaborateur Jacques Bordier à la cour de Charles Ier d'Angleterre ; après la mort du roi, les deux artistes s'installèrent en France où leurs œuvres connurent une grande vogue ; à la révocation de l'édit de Nantes, Petitot revint dans son pays natal. Parmi les miniaturistes sur émail d'origine suisse, on citera Jean II Petitot, Paul Prieur, qui se fixa à Copenhague, et les frères Jean-Pierre et Amy Huaud, nommés en 1686 peintres sur émail de l'Électeur de Brandebourg à Berlin.
Simon Bening, mort à Bruges en 1561, exécuta en 1558 un autoportrait, conservé au Victoria and Albert Museum à Londres, qui est l'un des chefs-d'œuvre du portrait-miniature. La qualité des œuvres flamandes influença les grandes miniatures à sujets de Giulio Clovis, disciple de Michel-Ange. Il faut noter, aux Pays-Bas, la faveur de la peinture à la gouache de paysages et de scènes, dont les meilleurs représentants sont, au xvie siècle, Hans Bol, dont il faut louer le lumineux coloris, Joris et Jacob Hoefnagel, qui travaillèrent au service de l'empereur Rodolphe II, et, au xviie siècle, Richard Van Orley.
Friedrich Brentel, dont l'atelier à Strasbourg jouit d'une[...]
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Écrit par
- Roseline BACOU : conservateur au cabinet des Dessins du musée du Louvre
Classification
Média
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