MIRANDA FRANCISCO DE SÁ DE (1481?-1558)
Poète et dramaturge portugais, Francisco de Sá de Miranda eut une grande influence sur l'évolution de la littérature au Portugal au xvie siècle. En l'absence de documents authentiques, la vie de ce personnage vénérable reste fort mystérieuse. Il existe bien une Vie du docteur Francisco de Sá de Miranda, anonyme, publiée avec ses Œuvres (1614), mais des confusions et des erreurs manifestes la rendent suspecte. D'après certains, il serait né à Coimbra, le 28 août 1481 ; il est plus prudent de situer cette naissance entre 1480 et 1490. Il était fils d'un chanoine de la cathédrale, Gonçalo Mendes de Sá, et d'une dame noble, célibataire, Inès de Melo. Le Cancioneiro Geral de 1516 lui attribue déjà le titre de « docteur ». Il n'a donc pu faire ses études à Coimbra, l'université n'ayant été transférée en cette ville qu'à partir de 1537. Sá de Miranda possédait une solide formation classique d'humaniste. De 1521 à 1526, il voyagea dans une Italie dévastée par les guerres entre l'Espagne et la France. Le rayonnement artistique et littéraire de ce pays eut une grande influence sur lui. Il vécut à la cour de Lisbonne de 1526 à 1530. Son caractère entier ne put supporter les compromissions. Il déclare dans une épître adressée au roi Jean III :
Un homme d'un seul avis, D'un seul visage et d'une seule foi, Qui rompt et ne plie pas, Il peut être autre chose Mais pas homme de Cour.
Sá de Miranda dressait ainsi son autoportrait moral. Il se retira dans la province du Minho. Il se maria, avant mai 1530, avec D. Briolanja de Azevedo et obtint ensuite la commanderie de Santa Maria das duas Igrejas. Il jouit d'une vie tranquille, consacrée à la poésie, dans la Quinta da Tapada. Mais une suite de malheurs vint l'attrister : mort de son fils, tué à Ceuta dans une embuscade (1553), du prince Jean (1554), de sa femme (1555) et du roi Jean III (1557). Il mourut après le 16 mai 1558.
À la différence d'António Ferreira qui n'écrivit qu'en portugais, Sá de Miranda composa également des poèmes en espagnol (ils constituent 45,2 p. 100 du total de ses vers). Il introduisit au Portugal les formes poétiques du dolce stil novo, de Dante et de Pétrarque, reprises par les poètes italiens de l'époque. Alors que ses premières compositions adoptaient le mètre traditionnel octosyllabe, il utilisa par la suite le décasyllabe (hendécasyllabe italien) dans des tercets, des huitains et des sonnets. Sá de Miranda innova encore en composant en portugais des églogues, élégies, chansons et épîtres. Son exemple fit école : toute une pléiade de poètes adoptèrent ces nouveautés. Il connaissait les poésies de Garcilaso de la Vega. D'ailleurs, tous deux chantèrent la même dame, Isabel Freire : Sá de Miranda sous le pseudonyme de « Salicio » et Garcilaso sous celui de « Nemoroso ». Sá de Miranda condamne la vulgarité, l'ambition et la cupidité. Il exalte le retour à la nature, la vie sereine et vertueuse, la liberté et l'indépendance, la dignité de l'homme. Son style est condensé, sentencieux parfois. Il se distingue par l'élévation des idées, la noblesse des sentiments et l'émotion lyrique.
Également novateur au théâtre, Sá de Miranda écrivit deux comédies classiques en prose : Estrangeiros (1526-1528) et Vilhalpandos (1537) qui respectent la règle des trois unités. L'action se situe respectivement à Palerme et à Rome. On y retrouve l'imitation de Plaute et de Térence et une influence italienne générale, ce qui n'exclut pas la présence de traits de la vie quotidienne au Portugal et d'expressions propres à la langue nationale.
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Écrit par
- Adrien ROIG : agrégé de l'Université (espagnol), docteur d'État (portugais), professeur titulaire à l'université Paul-Valéry, Montpellier
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Autres références
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PORTUGAL
- Écrit par Roger BISMUT , Cristina CLIMACO , Michel DRAIN , Encyclopædia Universalis , José-Augusto FRANÇA , Michel LABAN , Jorge MORAÏS-BARBOSA et Eduardo PRADO COELHO
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