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FRENI MIRELLA (1935-2020)

Les années Verdi

Souvent affichée à la Scala, jusque dans les tournées comme à Moscou, elle y connaît maints triomphes, mais également un échec cuisant avec La Traviata, en 1964, malgré la direction de Karajan et la mise en scène de Zeffirelli. Ce qui ne l'empêche pas, en 1965, de traverser pour la première fois l'Atlantique et de se produire à Chicago et au Metropolitan Opera de New York, où elle reviendra fréquemment, notamment pour une Juliette de Gounod en 1967, au côté du Roméo de Franco Corelli.

Dans les années 1970, Freni, star incontestée, étend son répertoire ; à la Scala, en 1971, elle est Amelia de Simon Boccanegra dans une mise en scène fabuleuse signée Giorgio Strehler. Mirella aborde peu à peu des emplois plus lourds et dramatiques, la plupart du temps guidée par Karajan, qui a fait d'elle l'une des vedettes les plus appréciées du festival de Salzbourg. Verdi prend, dans sa vie artistique, une place de plus en plus importante. Elle incarne tour à tour la Desdemona d'Otello, l'Elisabeth de Valois de Don Carlos (l'Opéra d'Avignon a le bonheur de l'applaudir dans ce rôle), et même le rôle-titre d'Aïda, généralement confié à des sopranos plus corsées. Mais, très prudente, elle refuse toujours, à la scène, les Puccini les plus dramatiques – Tosca, Butterfly –, et se contente de les enregistrer. Plus inattendues mais très réussies sont ses incursions dans le répertoire russe : le personnage de Tatiana dans Eugène Onéguine de Tchaïkovski lui vaut de beaux succès, y compris en France puisque, entourée d'une distribution à sa hauteur, elle le chante au Grand-Théâtre de Bordeaux en 1985. Elle incarne aussi Lisa (La Dame de pique) et Joanne dans La Pucelle d'Orléans. Si elle n'a fait que de rares apparitions dans les emplois belcantistes, n'étant pas une vocalisatrice née (elle fut Marie dans La Fille du régiment, tenta Les Puritains et Beatrice di Tenda de Bellini), elle compte parmi celles qui donnèrent ses lettres de noblesse au vérisme ; on l'apprécia ainsi dans Adriana Lecouvreur de Cilea, Fedora et Madame Sans-Gêne de Giordano.

Épouse, en premières noces, du pianiste, pédagogue et chef d'orchestre Leone Magiera, Mirella Freni s'unit ensuite à la basse bulgare Nicolai Ghiaurov, disparu en 2004. Tous deux participent, en 2002, à la fondation du Centro universale del bel canto de Vignola, où elle donne des classes de maître jusqu’au début des années 2010.

En 2005, elle fête au Metropolitan de New York à la fois ses cinquante ans de carrière et les quarante ans de ses débuts dans cette illustre salle. Un bel exemple de professionnalisme, d'intégrité et de sagesse.

Mirella Freni meurt à Modène, le 9 février 2020.

— Michel PAROUTY

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Média

Mirella Freni et Luciano Pavarotti - crédits : Lauterwasser/ Lebrecht/ Leemage/ Bridgeman Images

Mirella Freni et Luciano Pavarotti