MISSION DE FRANCE
Institution interdiocésaine créée, le 24 juillet 1941, par les cardinaux et archevêques de France. Dans la décennie qui avait précédé, l'épiscopat français avait en effet pris conscience de ce qu'on a appelé la déchristianisation : l'abandon de la pratique religieuse par un grand nombre de catholiques, spécialement dans certaines régions rurales et dans les banlieues. En créant le séminaire de la Mission de France, les évêques français voulaient se doter d'un clergé interdiocésain formé spécialement pour aborder le phénomène massif et nouveau de l'incroyance.
Cette fondation fut surtout l'œuvre du cardinal Suhard. Saisi par l'absence de foi qu'il avait constatée en devenant archevêque de Paris, il voulut lier la fondation du séminaire à sainte Thérèse de Lisieux, qui, dans les dix-huit derniers mois de sa vie, avait pris une conscience aiguë de ce même problème.
Le 15 août 1954, Pie XII donne à la Mission de France un statut qui en fait un diocèse sans territoire, au service de l'ensemble des évêques français. Le siège de la Mission de France est ensuite établi à Pontigny (Yonne). Par leur vocation même, les membres de la Mission de France (prêtres ou diacres) sont envoyés vers ceux qui n'ont aucun contact habituel avec la foi et l'Église. Beaucoup deviennent prêtres-ouvriers et participent aux recherches et aux combats de la classe ouvrière. D'autres, vivant outre-mer, se retrouvent en première ligne au moment de la guerre d'Algérie. D'abord fortement critiquées, certaines orientations prises par la Mission de France seront adoptées par le concile de Vatican II, sous l'impulsion du cardinal Liénart, alors prélat de la Mission. En 1980, l'épiscopat français donne trois orientations à la Mission de France : assurer une présence évangélique auprès de ceux qui sont loin de l'Église, rechercher une intelligence et une expression de la foi chrétienne, promouvoir la communion ecclésiale.
Le développement de nouvelles formes de pauvreté, l'émergence d'une civilisation de la complexité, les nouvelles formes de quête spirituelle de l'homme contemporain, autant de défis qui ne permettent plus la reproduction des modèles du passé, mais entraînent ce lieu original de l'Église de France à engager une mutation pour le IIIe millénaire.
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Autres références
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LIÉNART ACHILLE cardinal (1884-1973)
- Écrit par Émile POULAT
- 325 mots
Évêque et cardinal français. Né à Lille en 1884 – « l'année de la loi sur les syndicats », dira-t-il souvent –, prêtre en 1907, professeur au grand séminaire de 1910 à 1926, aumônier militaire pendant la Grande Guerre, curé-doyen de Tourcoing, évêque de Lille en 1928, cardinal en 1930, grand-croix de...
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PRÊTRES-OUVRIERS
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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On donne volontiers le titre de prêtre-ouvrier à tout prêtre qui sait se faire proche et compréhensif, attentif à la vie ordinaire et aux difficultés des petites gens, même s'il n'exerce pas un emploi salarié. Pourtant, nombre de prêtres au travail ne souhaitent pas s'appeler ainsi, soit qu'ils...
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SUHARD EMMANUEL, cardinal (1874-1949)
- Écrit par Jean-François SIX
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Archevêque de Paris de 1940 à 1949, fondateur de la Mission de France. Né en Mayenne, Emmanuel Suhard fait ses études au petit, puis au grand séminaire de son diocèse (Laval) mais les termine à Rome, où il est ordonné prêtre (1897). Il est nommé au grand séminaire de Laval, où il sera professeur...