MISSIONS
Histoire des missions
Les missions catholiques
De la Pentecôte au baptême de Clovis (496)
Dans les débuts, le christianisme (où les distinctions confessionnelles introduites ici pour la clarté de l'exposé n'existent évidemment pas encore) se présente comme un mouvement qui s'étend rapidement d'une « cellule » chrétienne à une autre, d'une cité à une autre, et qui se trouve favorisé, d'ailleurs, par l'unité de culture, l'organisation romaine et le système des routes impériales.
La foi atteint d'abord les grands carrefours – les villes – et ne pénétrera que plus tard, à partir de saint Martin (fin du ive siècle), dans les campagnes. Les premiers centres touchés sont ceux de l'Orient. Au ier siècle, le christianisme se répand en Transjordanie, en Anatolie (à partir d'Antioche de Syrie), en Égypte, en Grèce, à Rome. Au iie siècle, il déborde le limes romain à l'est, vers le golfe Persique, et s'étend autour de la Méditerranée. Les populations des provinces d'Asia, de Phrygia, de Pisidia, de Bithynia, d'Armenia et d'Africa (la Tunisie actuelle) sont en majorité chrétiennes ; l'Osrhoène aussi. Aux iiie et ive siècles, le christianisme s'étend vers l'ouest et le nord jusqu'aux frontières du Danube et du Rhin et jusqu'en Britannia (Grande-Bretagne). On trouve même quelques communautés au-dessus de cette limite, en particulier en Chersonèse (Crimée actuelle). Après la conversion de Constantin en 337, mis à part la nouvelle flambée de persécutions sous Julien l'Apostat, l'Église est en paix ; elle s'installe dans toutes les villes de l'Empire et, peu à peu, dans les campagnes. Mais bientôt, sous la pression des Huns, les Wisigoths et les Ostrogoths bousculent les légions qui gardent le front de l'Empire. Tandis que le basileus d'Orient rétablit tant bien que mal son autorité, la partie occidentale de l'Empire succombe sous les coups des Barbares. La Chrétienté se replie sur elle-même. Cependant, l'Hibernia (l'Irlande) devient chrétienne grâce à saint Patrick (389-461) et constituera un réservoir de forces missionnaires pour les siècles suivants.
Cette première période, qu'on appelle parfois « charismatique » (chacun agit selon sa grâce, sans qu'il y ait de plan d'ensemble), porte partout la marque de la culture grecque. Cela est vrai du christianisme qui se répand le long des routes romaines, mais aussi de celui qui est colporté par les Barbares. Ulfilas, l'apôtre des Goths dont il fut d'abord le prisonnier, était cappadocien. Arrivé à Constantinople en 341, il y reçut la consécration épiscopale ; mais, comme l'empereur Constance y favorisait alors l'arianisme, Ulfilas embrassa l'hérésie de ses maîtres. C'est ainsi que, par lui, toutes les tribus des Goths qui allaient déferler sur l'Europe, la Mauretania, l'Africa seront ariennes et qu'il s'en faudra de peu que l'Europe ne le devienne. La patrie d'Augustin, ébranlée par les rivalités entre ariens et « romains », sera toute prête à être absorbée par l'Islam au viie siècle.
À l'est de l'Empire romain, la foi chrétienne a pénétré très tôt (iie siècle) dans l'empire iranien des Parthes. Édesse, capitale de l'Osrhoène, fut la première ville du monde à devenir entièrement chrétienne. Le pays voisin, l'Adiabène, connut l'Évangile soit par les chrétiens d'Édesse, soit plutôt par les judéo-chrétiens de Palestine ; sa capitale, Nisibe, fit au Concile de Nicée figure de métropole (325). Ce furent encore des missionnaires d'Édesse qui évangélisèrent l'Arménie, région qui, en butte aux rivalités de ses voisins, fournira de nombreux missionnaires au continent asiatique. Au xiiie siècle, on retrouva[...]
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Écrit par
- Jean BAUBÉROT : directeur d'études émérite du groupe Sociétés, religions, laïcités au C.N.R.S.
- Henry DUMÉRY : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre
- Antonin-Marcel HENRY
: religieux dominicain, ancien directeur de la revue
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