MISSISSIPPI ET MISSOURI, fleuves
Le Mississippi inférieur
Par la suite, le débit n'augmente plus que de moitié, en raison du faible développement des affluents de rive gauche et du médiocre débit des tributaires de rive droite : Arkansas, 1 400 m3/s, Red River, 1 000 m3/s. Les caractères du régime sont désormais fixés. Le maximum d'écoulement correspond à celui des pluies de fin de saison froide, légèrement déplacé vers le printemps par la fonte des neiges, tandis que la conjonction du minimum pluviométrique et d'une évaporation encore notable fixe en octobre-novembre la période des étiages. La régularité du régime laisse pourtant place à des crues redoutables qui se succèdent à raison d'une ou de deux par décennie. Elles résultent, toutes, de pluies prolongées sur l'ensemble du bassin, suivies par de violentes averses affectant les bassins des affluents de rive droite et, surtout, de l'Ohio. Ces cloud bursts (orages) de saison chaude, pouvant survenir d'avril à octobre, donnent jusqu'à 900 mm de pluie en vingt-quatre heures et gonflent d'autant plus le débit des émissaires que le sol a été mieux saturé au préalable. La rencontre des flux élémentaires au niveau du tronc principal provoque alors de véritables catastrophes. Ainsi, en avril 1927, le niveau des eaux s'est élevé de dix-sept mètres à Cairo, quatorze mètres à Memphis, dix-huit mètres à Vicksburg, tandis que, sur une superficie inondée de 73 000 km2, on devait dénombrer deux cents morts. La propagation des crues à partir de Cairo n'a, pourtant, rien de soudain : il leur faut six jours pour atteindre Memphis, vingt et un jours pour parvenir à l'embouchure de la Red River, trente jours pour gagner La Nouvelle-Orléans. Mais l'ampleur des ravages résulte de la forme de la vallée, largement ouverte aux eaux de la crue.
La plaine alluviale, à l'aval de Cairo, est l'œuvre des multiples divagations du fleuve, l'élargissant par le sapement des formations tertiaires, les bluffs, qu'il longe encore, en rive gauche, de Cairo à Memphis puis, en rive droite, à New Madrid et Helena et, à nouveau en rive gauche, à l'aval de Vicksburg. À la surface de la plaine, de nombreux méandres, beaucoup trop amples pour les affluents qui les empruntent, sont autant de témoins d'anciens cours du fleuve. L'instabilité du tracé résulte des processus de l'alluvionnement : les berges du fleuve s'exhaussent en période de hautes eaux, jusqu'à ce qu'une crue importante détermine le changement de cours vers une zone plus basse, et le processus se répète indéfiniment. Comme les affluents, dont les rives se relèvent moins vite que celles du fleuve principal, ne parviennent à rejoindre celui-ci qu'après avoir coulé longtemps parallèlement à lui, la plaine se divise en bassins plus ou moins indépendants, dans lesquels s'épandent les eaux de crue.
Les beaux méandres réguliers mobiles, qui multiplient par trois la longueur du cours entre Cairo et la mer, réduisent sensiblement la pente longitudinale du fleuve. Cette dernière s'atténue régulièrement, passant, aux hautes eaux, de 0,09 p. 1 000 entre Cairo et Memphis à 0,05 p. 1 000 entre Memphis et Baton Rouge. En même temps, les berges se rapprochent : 1 350 m les séparent à Cairo, 1 200 m vers Natchez, 900 m à Baton Rouge, 750 m à La Nouvelle-Orléans, tandis que la profondeur augmente : 15 m à Cairo, 30 m à La Nouvelle-Orléans.
En aval de Natchez, la plaine alluviale passe au delta, tandis que, la pente devenant presque nulle aux basses eaux, les méandres s'effacent. Les alluvions fines que le fleuve transporte en abondance (400 millions de tonnes par an) s'accumulent sur les berges du chenal, donnant naissance à des levées qui accompagnent le fleuve jusqu'à la mer. En arrière s'étendent des lacs, puis des marais littoraux, sillonnés de[...]
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Écrit par
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
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