McDOWELL MISSISSIPPI FRED (1904-1972)
Bien qu'il apparaisse aujourd'hui comme un des très grands noms du Delta blues, avec son chant tendu et passionné dérivé des field hollers et sa guitare au bottleneck incisif, « Mississippi » Fred McDowell (né à Rossville, dans le Tennessee, le 12 janvier 1904) n'a été découvert que tardivement, en 1959, par l'ethnomusicologue Alan Lomax. Fred devient aussitôt un favori des festivals et des campus universitaires : Newport, l'American Folk Blues Festival 1965, plusieurs tournées en Europe... Il enregistre abondamment, notamment pour Testament, Arhoolie et Capitol. Si tous les albums de McDowell sont bons, bien qu'il ait tendance à toujours réinterpréter le même répertoire, deux constituent des chefs-d'œuvre : Mississippi Delta Blues (Arhoolie, 1964-1965), dans lequel il est seul à la guitare, et I Do not Play no Rock 'n' Roll (Capitol, 1969), selon la formule qu'il emploie au début de chacun de ses concerts. Dans ce dernier album, McDowell est entouré d'un orchestre électrique qui souligne à la perfection son blues puissant. Il faut aussi retenir une séance en compagnie de l'harmoniciste très rythmique Johnny Woods, Mama Says I'm Crazy (Fat Possum), qui capture l'atmosphère brute et rude d'un juke joint (café bon marché où se joue de la musique) du Delta.
Malgré cette gloire internationale, McDowell reste largement ignoré dans le Mississippi et doit travailler un petit lopin de terre comme métayer pour subsister. Mais ses prestations en Europe ont attiré l'attention et l'admiration de nombreux musiciens du rock britannique. Les Rolling Stones reprennent You Got to Move (sous le titre You Gotta Move), un thème en fait traditionnel, dans leur album Sticky Fingers (1971) et l'attribuent à McDowell. C'est pour lui un immense sujet de fierté et l'occasion de se retrouver soudain doté d'un bon pécule grâce aux royalties qu'il perçoit. Il peut ainsi s'acheter enfin la station-service de ses rêves sur la Highway 61, la route qui traverse le Delta et à propos de laquelle il a composé un de ses meilleurs titres.
Hélas ! McDowell est déjà atteint d'un cancer et il meurt quelques mois plus tard, le 3 janvier 1972, à Memphis (Tennessee).
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Écrit par
- Gérard HERZHAFT : écrivain
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