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MITHRAÏSME

Mithra hellénistique

Dans l'Asie Mineure des diadoques, les dynastes d'origine iranienne (et dont certains revendiquaient une hérédité achéménide) ont favorisé les premières contaminations gréco-orientales qui allaient ouvrir le chemin de l'Occident à un mithraïsme hellénisé. Le nom théophore Mithridatès ou Mithradatès qu'ont porté des rois de Pont, d'Arménie et de Commagène atteste qu'ils vénéraient en Mithra le garant divin de leur autorité. Les monnaies de Mithridate Ier, roi des Parthes (171-138), portent au revers une figure d'archer comparable à l'Apollon des tétradrachmes séleucides ; dans l'empire hellénisé des Arsacides, on l'identifiait peut-être avec Mithra. En tout cas, dans l'inscription fameuse qu'Antiochus Ier, roi de Commagène (69-38 av. J.-C.), fit graver au Nimrud-dagh, on lit l'équation remarquable : Apollon-Mithras-Hélios-Hermès. Un bas-relief nous montre le dieu serrant la main droite du roi en signe d'alliance et de protection. L'identification de Mithra et d'Hermès, dieu psychopompe, intermédiaire entre les dieux d'En-Haut et d'En-Bas, le qualifie déjà comme médiateur entre Ormuzd et Ahriman : c'est le mésitès dont parle Plutarque (Is. et Os., 46). Si l'hypothèse de Dörner est exacte, le plus ancien mithraeum connu se trouverait à Arsameia du Nymphée, au flanc sud d'Eski-Kale. Antiochus Ier érigea non loin de là un monument à la gloire de son père, Mithridate Ier, dont un bas-relief représente l'investiture par les soins d'Héraclès, homologue grec de Verethragna-Artagnès, fidèle compagnon de Mithra.

C'est vers la même époque, en 67 avant J.-C. précisément, que Plutarque situe l'introduction en Italie des mystères mithriaques. Les pirates ciliciens, naguère alliés à Mithridate VI Eupator, roi de Pont, pratiquaient dans leurs montagnes des sacrifices étranges et un rituel d'initiations qu'ils auraient été les premiers à enseigner en Occident, une fois capturés par Pompée. Ce témoignage explicite mérite considération. Les seules monnaies impériales où figure Mithra tauroctone ont été frappées – trois siècles plus tard, il est vrai, sous Gordien III – à Tarsos, en Cilicie. Un autel mithriaque a été découvert à Anabarzos. D'Ariaramneia en Cappadoce, immédiatement au nord-est de la Cilicie, provient la plus ancienne inscription qui fasse état d'une consécration personnelle (sacerdotale ou mystérique ?) à Mithra : elle date du ier siècle avant J.-C. (Corpus inscriptionum et monumentorum religionis Mithriacae, I, 59). On comprend d'ailleurs fort bien qu'une organisation de résistance armée à l'impérialisme romain ait voulu lier ses membres par un rituel occulte qui les engageait sous la foi du serment. La consécration mystérique était réservée aux hommes et offrait certains aspects typiques des sociétés secrètes à caractère militaire, par exemple le grade du soldat (miles) : d'où l'attirance que le mithraïsme exercera sur les légionnaires romains. Les pirates ciliciens se retranchaient, pour célébrer leur culte clandestin, dans des grottes dont les mithraea du monde romain garderont l'apparence interne. Aussi apparaît-il douteux que les « mages hellénisés » ou magousaioi d'Asie Mineure aient joué dans l'élaboration et la diffusion des mystères le rôle que leur attribuait F. Cumont. De fait, le mithraïsme n'a rien d'une religion cléricale, comme le prouvent son recrutement et sa hiérarchie initiatique ; il n'était pas desservi par un corps de prêtres professionnels, comme d'autres cultes orientaux. Il restera une religion de soldats assermentés.

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française de Rome, professeur à l'université de Lyon-III

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Trouvailles mithriaques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Trouvailles mithriaques

Ex-voto dédié au dieu Mithra - crédits : H. Paitier/ Inrap

Ex-voto dédié au dieu Mithra

<it>Groupe de Mithra taurochtone</it> - crédits :  Bridgeman Images

Groupe de Mithra taurochtone

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