MIXTÈQUES
L'apparition des centres urbains
Ce changement se produit vers 500 avant J.-C., mais ce n'est qu'en 300 avant J.-C. environ, que l'on peut parler de véritables centres urbains dont la population passerait de 200 à 2 000 personnes. Ils comportent des édifices publics, temples, terrains de jeu de balle, construits en pierre, où les archéologues ont trouvé des preuves de l'utilisation de l'écriture et du calendrier. Les styles céramiques partagés, l'homogénéité des techniques de taille de la pierre et des méthodes de construction témoignent des liens culturels qui unissaient ces centres, dont aucun ne semble ni plus grand, ni plus puissant que les autres. Des sites autonomes comme Huamelulpan, Yucuita, Cerro de las Minas et Diquiyú détenaient un pouvoir local. Malgré cet équilibre, leurs relations semblent teintées de méfiance, comme le suggère l'implantation de certains sites – Cerro de las Minas ou Huamelulpan – sur des hauteurs, afin de contrôler leur territoire et de se défendre. La protection des frontières ne semble pas être la cause de ces conflits, car ces localités espacées assuraient bien le contrôle de leur territoire. D'après Marcus Winter (1994), un centre de ce type pouvait facilement mobiliser sa population pour participer aux activités de la capitale locale, puisque les membres de la communauté les plus éloignés résident à peine à une demi-journée de marche. Les gens peuvent ainsi atteindre la cité dans un délai court en cas de conflit. L'explication de ces antagonismes pourrait se trouver plutôt dans la recherche de prestige de la part des dirigeants locaux.
Une différenciation sociale de la population coïncide avec l'émergence des centres urbains : la taille des maisons, assez uniforme pendant l'étape villageoise, commence à varier, et ce contraste est plus visible entre la périphérie et le centre des sites. On reconnaît trois classes sociales à partir de la morphologie des habitats. Les plus modestes comptent une seule pièce, tandis que celles de taille intermédiaire se composent de deux ou trois pièces avec une cour, de dimensions plus réduites que celles des résidences de l'élite. Pour ces dernières, les pièces sont disposées autour d'une grande cour rectangulaire. Un bon exemple de cette différenciation se trouve sur le site de Cerro de las Minas. Au sommet de la colline, les maisons des dirigeants de la communauté, édifiées sur une plate-forme surélevée ne sont accessibles que par un escalier. Le contraste est saisissant avec les maisons d'une seule pièce à proximité dont la présence s'explique par la nécessité pour les dirigeants de loger leurs serviteurs non loin d'eux pour s'assurer une aide permanente. Sur les contreforts de la colline se dressent les maisons de taille intermédiaire, probablement destinées à la classe moyenne. Elles sont composées de trois pièces et d'une cour sans aucun élément architectural additionnel – pas d'escaliers, pas de plate-forme.
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
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