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MIXTÈQUES

Une nouvelle organisation politique

Codex Fejérváry-Mayer - crédits : Werner Forman/ Universal Images Group/ Getty Images

Codex Fejérváry-Mayer

La disparition de Monte Alban, entité dominante de la vallée de Oaxaca voisine, entraîne des changements dès 750 après J.-C. À partir de cette date, on constate la formation de petites unités politiques – appelées señoríos – qui marquent le début de l'étape des cités-États. Ce terme désigne un groupe de communautés organisées autour d'un centre recteur dans un territoire délimité, dont le pouvoir centralisé accentue la hiérarchie politique et sociale. Cette époque de l'histoire préhispanique régionale est la mieux connue, grâce à l'existence des manuscrits pictographiques. En effet, ces codex décrivent l'histoire de plusieurs royaumes, dont quelques-uns ont été identifiés avec les sites archéologiques. Après l'abandon de Monte Alban, la croissance de la population mixtèque ne se circonscrit plus à son propre territoire : elle investit la zone côtière, occupée jusqu'alors par le groupe Chatino, mais aussi la vallée de Oaxaca, auparavant fief exclusif des Zapotèques. Sur le plan architectural, Mitla, dans la vallée de Oaxaca, est le site le plus représentatif de cette expansion. Disposés autour de vastes cours, des ensembles de palais, aux façades couvertes de mosaïques de petites dalles de pierre qui dessinent des grecques, surmontent de grandes tombes cruciformes, dont certaines ont conservé des traces de polychromie.

L'emplacement de ces cités rappelle celui de l'étape Villageoise, proche des sources d'eau, sur les terres fertiles des vallées, indice d'une expansion assez pacifique, ou d'une puissance incontestée. La capitale de chaque entité regroupe le centre religieux, politique et économique où résident ses dirigeants, qui constituaient la classe noble. Autour de cette capitale sont réparties les communautés d'importance mineure, administrées aussi par des nobles d'un rang moins important. À la tête de la noblesse se trouve le seigneur, considéré comme un être à part, pour lequel on utilisait un vocabulaire particulier, notamment pour désigner les parties de son corps. Il héritait du pouvoir en raison de sa primogéniture, ce qui marque une différence avec d'autres sociétés préhispaniques. Chez les Zapotèques, le trône passait du père au fils le plus apte, tandis qu'un conseil élisait le dirigeant aztèque parmi les nobles du royaume. Au fur et à mesure que l'individu s'éloigne de la lignée familiale du seigneur mixtèque, son prestige et son pouvoir diminuent.

Les propriétaires de terres constituaient la deuxième catégorie sociale, et au plus bas de l'échelle se trouvaient les gens sans terre qui travaillaient celles du seigneur en échange de sa protection. Celui-ci leur assurait un soutien économique, mais pouvait les déplacer à sa convenance. Le groupe des esclaves qui servaient les nobles, considérés comme des marchandises car ils faisaient partie du tribut reçu des communautés soumises au seigneur, ne faisait pas partie de la société mixtèque.

À cette époque, les Mixtèques étaient en relation avec la plupart des régions voisines, mais les liens les plus importants se tissèrent avec les Zapotèques, leurs proches voisins, puis avec les Aztèques, l'empire le plus puissant du Postclassique. Les mariages entre l'élite mixtèque et zapotèque étaient courants, mais leur véritable fonction reste floue. Contribuaient-ils à maintenir la paix ? Servaient-ils à augmenter le prestige des lignages zapotèques ? Dans l'état actuel de la recherche, l'hypothèse la plus plausible serait la préservation de leurs intérêts économiques. En effet, les mariages entre élites facilitaient les échanges à une époque où l'artisanat mixtèque atteint son apogée. La région zapotèque était riche en métal et pierres semi-précieuses, et inversement, les luxueux objets mixtèques étaient convoités car ils symbolisaient la richesse[...]

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Écrit par

  • : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)

Classification

Médias

Codex Fejérváry-Mayer - crédits : Werner Forman/ Universal Images Group/ Getty Images

Codex Fejérváry-Mayer

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