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MIYAKE ISSEY (1938-2022)

Issey Miyake - crédits : Eric Feferberg/ AFP

Issey Miyake

Issey Miyake s'est toujours présenté comme un product designer de mode, voire un fabricant de vêtements, jamais comme un styliste, encore moins comme un couturier. Pionnier dans le mariage du style japonais avec celui de l'Occident, il tend vers une mode pratique et démocratique. Ses recherches en développement des textiles et son approche de designer sont motivées par une réflexion approfondie sur les styles de vie de ses contemporains.

Le corps sans couture

Né le 22 avril 1938 à Hiroshima au Japon, Issey Miyake est encore étudiant en arts graphiques à l'université Tama (1959-1964) lorsqu'il présente sa première collection, intitulée A Poem of Cloth and Stone, à la Chambre de commerce et d'industrie de Tōkyō, en 1963. En 1966, installé en France, il sort diplômé de l'école de la Chambre syndicale de la couture parisienne. Il entre alors comme assistant chez Guy Laroche puis chez Givenchy, où il côtoie petites et grandes mains de la haute couture formées à la philosophie technique de Balenciaga, couturier phare des années 1950 et 1960, dont la maison vient de fermer (1968). En 1969, Miyake est à New York et travaille au côté de Geoffrey Bene.

S'il fallait lui chercher une ascendance dans l'histoire de la haute couture, plus que vers Balenciaga, c'est vers Madeleine Vionnet (1876-1975) qu'il faudrait se tourner – Madeleine Vionnet, apôtre de la coupe en biais dès les années 1920 et 1930, en quête, comme Miyake le sera, d'une nouvelle dynamique du corps féminin et de son enveloppe.

Si couper, coudre, ajuster sur un corps remodelé sont autant de gestes qui fondent de manière quasi anthropologique la technè de la mode occidentale, Vionnet et Miyake – elle, en s'inspirant du péplos grec, lui, en puisant dans la tradition japonaise – ont tous deux cherché, au nom d'une liberté du corps moderne à conquérir, à se dérober à cette fatalité du coupé-cousu. « Le corps humain n'a pas de couture », disait Jacques Griffe, longtemps au côté de Madeleine Vionnet avant d'ouvrir sa propre maison.

En 1976, distingué par le prix Mainichi-Design, Issey Miyake présente, au Seibu Museum of Art de Tōkyō, un carré avec manches, fantôme de kimono, baptisé « morceau de tissu », lors d'un défilé précisément intitulé Issey Miyake in Museum : a Piece of Cloth. Il conceptualise ainsi son rêve d'un vêtement qui serait simple pièce d'étoffe ou, plutôt, d'une simple pièce d'étoffe qui deviendrait vêtement dès lors qu'elle est habitée par un corps. À partir de 1985, à raison d'un album par an, il confie à l'objectif du photographe américain Irving Penn la tâche ardue de fixer des passages de ces chorégraphies insaisissables du vêtement et du corps, de cet espace instable, mobile qu'ils dessinent, résultante éphémère de leurs déplacements et de leurs interférences, de leurs rapprochements et de leurs éloignements, de leurs lignes de fuite et de leurs points de rencontre.

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Écrit par

  • : agrégé de lettres modernes, journaliste
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Issey Miyake - crédits : Eric Feferberg/ AFP

Issey Miyake

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    • Écrit par
    • 551 mots

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