MO YAN (1955- )
Une écriture du contraste
Subversive, l'écriture de Mo Yan l'est déjà par le nom de plume qu'il s'est donné : Mo Yan, « ne pas/ parler ». « Le romancier pense toujours se tenir à l'écart du politique », écrit Mo Yan en exergue de l'un de ses romans. « Mais, poursuit-il, le roman, lui, colle au politique. » Écriture prolixe d'un auteur qui aurait choisi de ne rien dire. Tel est le paradoxe. Au lecteur de lire entre les lignes, de déchiffrer le versant métonymique et satirique de l'œuvre. Ainsi, dans Le Pays de l'alcool, le cannibalisme est une métaphore qui désigne, dans le droit fil du Journal d'un fou (1918) de Lu Xun, une société qui broie les individus. Dans Grenouilles, la métaphore de la grenouille et les associations d'idées qu'elle entraîne chez le lecteur chinois jouent sur les registres du cocasse, en opposition avec le sérieux du sujet. Cette propension au contraste, présente dans toute l'œuvre, peut allier, dans un télescopage abrupt, la barbarie la plus insoutenable à des moments de tendresse et de poésie, le réalisme au fantastique, le souffle épique des romans chinois anciens à une tonalité surréaliste inspirée de la modernité. Mo Yan est un auteur qui surprend toujours le lecteur.
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Écrit par
- Chantal CHEN-ANDRO : maître de conférences honoraire
Classification
Média
Autres références
-
CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature
- Écrit par Paul DEMIÉVILLE , Jean-Pierre DIÉNY , Yves HERVOUET , François JULLIEN , Angel PINO et Isabelle RABUT
- 47 508 mots
- 3 médias
...comme une année charnière. Cette rupture s'accompagne de la promotion d'une nouvelle génération d'écrivains, nés au milieu ou à la fin des années 1950. Parmi eux, Mo Yan (né en 1955) s'impose à l'attention par son style dionysiaque, puissant et imaginatif : Hong Gaoliang (1986, Le Clan du...