MOBILIER
Évolution des styles
L'Antiquité
Bien que l'usage du mobilier remonte à la plus haute antiquité, peu d'exemples anciens en sont conservés. Seuls les meubles royaux ou religieux, construits pour un roi ou une divinité, donc plus beaux et plus solides, ont survécu. Par chance, l'Égypte, ayant eu dès la préhistoire l'habitude de placer dans les tombes un mobilier funéraire très varié, rappel du mobilier utilisé par le défunt pendant sa vie terrestre, a transmis des types nombreux de tabourets, de tables et de lits. L'Ancien Empire, dans la tombe de la reine Hetep-Hérès, épouse de Snéfrou et mère de Chéops (IVe dynastie), se soucie d'élégance et de somptuosité. Déjà presque tous les meubles servant de support (chaises, tabourets, fauteuils) ont des pattes d'animaux ou sont portés par des animaux. Les formes restent les mêmes jusqu'au Nouvel Empire, avec plus de somptuosité encore dans le choix des bois précieux, les incrustations de marqueterie, d'ivoire, d'or ou de pierres précieuses. L'exemple le plus fameux en est le trésor de Toutankhamon, dont le trône d'ébène ou le surprenant lit aux deux longues vaches dorées font preuve d'une habileté technique rarement égalée dans la suite des temps. L'influence du mobilier égyptien est perceptible dans tout le bassin méditerranéen, particulièrement en Judée. En Grèce, un courant asiatique qui impose le choix de certains types de meubles et d'habitudes, comme l'usage des lits pour les repas, apparaît à côté du courant égyptien qui se traduit par des meubles aux pieds semblables à des pattes d'animaux, des incrustations d'argent ou d'ivoire. La Grèce innove pourtant en créant un siège, le klismos, au dossier garni d'une planchette incurvée et aux quatre pieds courbés vers l'extérieur, des tabourets pliants à pieds en X, et de nombreuses tables légères à quatre pieds tournés ou à pieds en cuisses d'animaux (taureaux, lions ou chimères).
Une double influence, grecque et étrusque, marque les meubles romains. Les habitudes étrusques en matière de mobilier se font sentir à Rome par l'emploi fréquent du bronze et par un siège, généralement réalisé en bronze, formé d'une base circulaire surmontée d'un large dossier en corolle. Les modèles de sièges grecs sont aussi très répandus, chaises à dossier issues du klismos, tabouret pliant, dont le plus célèbre, la chaise curule, est le symbole de la puissance du sénat romain. On note deux sortes de tables : les trépieds de métal, bronze ou argent, recouverts d'un plateau généralement rond et le cartibulum, table à plateau rectangulaire supporté par deux doubles lions ou chimères adossés, le tout en marbre.
Le Moyen Âge
De la fin de la période romaine au xe siècle, les invasions se succèdent, entretenant un climat d'insécurité peu favorable aux installations durables et à la création artistique. Seuls subsistent quelques sièges exceptionnels : à Ravenne, trône épiscopal d'ivoire (vie s.), trône de Charlemagne, en marbre, à la chapelle Palatine d'Aix, et trône en marbre de la cathédrale de Bari (fin xie s.), tous d'un même type à haut dossier ; le siège curule romain survit dans le trône de Dagobert, sorte de pliant supporté par des lions.
Durant la période gothique, les habitudes itinérantes dues aux luttes féodales créent un mobilier adapté à ce nouveau nomadisme. Le meuble de base est le coffre, à la fois armoire et banc, qu'à chaque déménagement on charge sur un mulet avec son contenu. Pour compléter l'ameublement, des tables à tréteaux, des lits réduits à un simple châlit, parfois une grande chaire réservée au maître de maison. Toute la richesse d'un intérieur réside dans les tissus, coussins ou draperies. Les progrès techniques (assemblages à queue d'aronde, amélioration de l'outillage)[...]
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Écrit par
- Colombe SAMOYAULT-VERLET : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre
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