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BRIGGS-HALDANE MODÈLE DE

Les enzymes catalysent des réactions biochimiques dans des conditions physico-chimiques compatibles avec la vie. La cinétique de ces réactions, cinétique enzymatique, cherche à préciser les mécanismes par lesquels ces opérations sont réalisées, ou plus précisément déterminer les différentes constantes de la réaction enzymatique. Depuis son énoncé, en 1913, on a cherché à justifier la loi de Michaelis-Menten, utilisée pour déterminer les constantes d’activité enzymatique, par diverses hypothèses mécanistiques. De multiples justifications de cette équation ont été proposées au début du xxe siècle. La plus courante s'appuie sur une hypothèse de mécanisme formulée par George E. Briggs (1893-1985) et John B. S. Haldane (1892-1964) en 1925, et qui s’applique à la plupart des réactions enzymatiques. Selon cette hypothèse, l’enzyme sous sa forme « libre » (E) se lie au substrat au cours d’une étape bimoléculaire (constante de vitesse d'ordre 2, k1) pour former un complexe enzyme substrat (ES). Celui-ci peut se dissocier avec une constante de vitesse d'ordre 1, k–1, ou réagir et libérer le produit P de la réaction et l’enzyme libre avec une constante de vitesse k2, d'ordre 1.

E+Sk1k1ESk2 E+P

La constante d'équilibre de dissociation du complexe ES est Kd = k–1/k1, mais le système est déplacé de l'équilibre par la réaction catalytique.

Pour calculer la vitesse initiale de la réaction, on considère que la concentration S en substrat est constante et égale à la concentration initiale : [S] ≈ [S]0. Le complexe ES est donc formé à partir de E avec une constante de vitesse de pseudo-ordre 1, k× [S]0.

Selon les lois de la cinétique chimique, la vitesse de la réaction est : v = d[P]/dt = k2 × [ES].

Si celle-ci est stationnaire, alors la concentration en complexe ES est également constante : le complexe est produit et décomposé à la même vitesse, k1 × [E] × [S]0 = (k2 + k–1) × [ES], ce qui permet d’exprimer le rapport suivant :

[E][ES]=k2+k1k1×[S]0

En plus de l’hypothèse de stationnarité, on utilise une deuxième équation qui traduit la conservation de la quantité totale d'enzyme : celle-ci est présente soit sous sa forme « libre » E, soit sous sa forme liée au substrat ES. En notant [E]tot la concentration totale en enzyme, on obtient : [E]tot = [E] + [ES]. Cette équation peut être réécrite en factorisant [ES] :

[E]tot = [ES]([E][ES]+1).

On peut alors exprimer la concentration stationnaire en complexe ES en fonction des constantes de vitesse du modèle, de la concentration totale en enzyme et de la concentration initiale en substrat :

 [ES]=[E]tot1+[E][ES]=[E]tot1+k2+k-1k1×[S]0 

On en déduit l’expression de la vitesse stationnaire initiale :

vi=k2×[ES]=k2×[E]tot1+k2+k-1k1×[S]0 

On observe que la vitesse de la réaction est bien proportionnelle à la concentration totale en enzyme.

Avec vmax=k2[E]tot et KM= (k2+k-1)/k1, on obtient l’équation de Michaelis-Menten.

— Christophe LÉGER

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, Laboratoire de bioénergétique et ingénierie des protéines, Marseille

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Autres références

  • ENZYMES - Cinétique enzymatique

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    ...de la concentration en substrat pour laquelle la vitesse initiale est égale à la moitié de la vitesse maximale. Ce paramètre est souvent interprété comme la constante de dissociation apparente entre l'enzyme et son substrat, même si, selon le modèle de Briggs-Haldane, KM n'est pas égal à Kd.