MODÉLISATION DU CLIMAT
Modéliser le système climatique
Les modèles de circulation générale ont contribué à instaurer une vision globale du climat. Bénéficiant de l’augmentation de la puissance des ordinateurs et pour répondre à l’importance croissante de la question du réchauffement global, ils se sont progressivement complexifiés, intégrant de plus en plus de composantes du système climatique.
Les modèles, facteurs d’unification et de globalisation du climat
Avec l’essor de la modélisation, les mots « climat » et « climatologie » ont changé de sens. Autrefois proche de la géographie physique, la climatologie consistait surtout à étudier des climats régionaux (tempéré, semi-aride, méditerranéen…) en lien avec d’autres domaines comme l’agriculture ou l’urbanisation. La modélisation basée sur les théories physiques a modifié tout cela, contribuant puissamment à la globalisation du climat de la planète, désormais considéré au singulier. Le terme « climatologues » désigne dès lors des physiciens plus souvent que des géographes.
Autant que la modélisation numérique, les infrastructures matérielles et les facteurs institutionnels et politiques ont joué un rôle essentiel pour la globalisation du climat. Des réseaux d’observation quadrillant le globe, une communauté scientifique organisée internationalement, des institutions et des programmes de recherche mondiaux ont contribué à promouvoir une conception planétaire du climat dès les années 1950. Le gouvernement et l’armée des États-Unis durant la guerre froide ont largement subventionné les programmes d’exploration planétaire. Dans les années 1970, les préoccupations environnementales, d’abord centrées sur des pollutions locales, ont acquis une dimension globale. Enfin, à partir de le la fin des années 1980, la montée d’un multilatéralisme onusien a porté la création en 1988 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ; en anglais, IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change) puis de la Convention des Nations unies sur le changement climatique, adoptée en 1992 lors de la conférence de Rio. Les rapports du GIEC, rédigés tous les cinq à six ans, reposent en grande partie sur des projections climatiques réalisées avec des modèles de climat couplant atmosphère et océan.
Les modèles couplés
Même s’ils sont restés très proches dans leurs principes des premières versions des années 1970, les modèles de circulation générale ont beaucoup évolué. L’accroissement de la puissance de calcul des ordinateurs a été utilisé pour affiner leur résolution spatiale (diminution de la dimension des mailles) et surtout pour les complexifier.
Les années 1990 voient l’arrivée à maturité des modèles dits couplés, connectant deux modèles de circulation générale : un pour l’atmosphère et l’autre pour l’océan (dont les modèles sont très proches conceptuellement des modèles atmosphériques). Ces deux modèles interagissent entre eux à la surface de la mer : à un instant donné, le modèle d’atmosphère communique à l’océan la pluie, les flux de rayonnement solaire et thermique ou une force d’entraînement de l’eau par le vent (tension de vent). L’océan, quant à lui, renvoie, après un pas de temps d’intégration (typiquement une heure), la température de surface qui permet de calculer les flux turbulents et infrarouges d’énergie ou encore l’évaporation.
En parallèle, les modèles de surfaces continentales se sophistiquent. Les premiers modèles de climat recouraient à une représentation du sol assez schématique, l’assimilant à un réservoir d’eau : l’eau de pluie s’accumulait ou s’évaporait. Le réservoir pouvait déborder, l’excès d’eau étant perdu en ruissellement vers les rivières jusqu’à la mer. Quand le réservoir s’asséchait, on limitait l’évaporation (par rapport à celle d’une surface d’eau libre) avec un coefficient[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hélène GUILLEMOT : chercheuse CNRS, Centre Alexandre Koyré (EHESS, CNRS et MNHN), Aubervilliers
- Frédéric HOURDIN : directeur de recherche CNRS, Laboratoire de météorologie dynamique, Institut Pierre-Simon Laplace, Sorbonne université
Classification
Médias