MODÉLISATION ET PRÉVISION OCÉANOGRAPHIQUES
Prévisions océaniques
La prévision de l’océan, appelée océanographie opérationnelle, est une science récente qui a pris son essor dans les années 1990, une fois que les modèles numériques tridimensionnels d’océan ont fait la preuve de leur validité, et que les méthodes de validation et de calibration des observations in situ, en réseaux et spatiales ont été mises au point. Il s'agit ici, à partir d'un état initial déterminé par une combinaison optimale entre observations et modèle, de calculer l'évolution du système océanique sur quelques semaines (c'est la « prévision »). La France a joué un rôle majeur dans la naissance de cette branche de l’océanographie qui est capable de produire des prévisions régulières et pertinentes de l’océan. C’est en effet dans ce pays, en 1995, que les pionniers de cette discipline (océanographes, météorologues, mathématiciens et ingénieurs) se réunirent avec un objectif commun : décrire et prévoir l’état de l’océan, comme la météorologie décrit l’atmosphère et prévoit le temps qu’il fera. Dix ans plus tard, le 14 octobre 2005, la société française Mercator Océan, portée par l’association de cinq grands acteurs nationaux – le CNRS, l’Ifremer, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Météo-France et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) – diffusait le premier bulletin océanique couvrant l’ensemble du globe. Les prévisions océaniques fournissent des cartes – de la surface jusqu’au fond des océans – de température, des courants et de la salinité, dont on prévoit les évolutions. La dynamique de ce projet ambitieux est lancée, alors qu’au même moment l’Europe se saisit de ces questions en engageant le programme européen GMES (Global Monitoring for Environment and Security). Celui-ci, renommé en 2013 Copernicus, a pour objectif de donner à l’Union européenne une capacité autonome et opérationnelle en matière d’infrastructures d’observation spatiale et in situ, et de mettre en place six services de surveillance de la Terre en lien avec les océans, l’atmosphère, le climat, les territoires, les situations d’urgence et la sécurité. Dans ce contexte, l’Europe engage alors les trois projets consécutifs MyOcean, pilotés et coordonnés par la France, fédérant pour cela une communauté d’une soixantaine de partenaires sur l’ensemble du territoire européen. Ces projets vont convaincre l’Europe de se doter d’une structure pérenne pour l’océanographie opérationnelle : le 11 novembre 2014, la Commission européenne et Mercator Océan signent un accord pour la mise en place du service de surveillance des océans du programme Copernicus de l’Union européenne. Ce parcours, qui semble si fluide et logique a posteriori, n’est pas le fruit du hasard. La France est une grande nation maritime au regard de son histoire et sa géographie : elle possède le deuxième espace maritime du monde. Elle s’est ainsi dotée de grands acteurs nationaux structurants dans les domaines de la marine, de la recherche et du spatial, qui lui assurent une position dominante incontestée dans le domaine océanographique.
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Écrit par
- Pascale DELECLUSE : directrice de recherche au CNRS, directrice de l'Institut national des sciences de l'Univers, CNRS
- Claire LÉVY : ingénieure au CNRS, chef de projet NEMO, laboratoire LOCEAN, université Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
Autres références
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MARÉES NOIRES
- Écrit par Lucien LAUBIER
- 7 626 mots
- 5 médias
...leur vitesse propre. Courants et vents combinent donc leur action et les nappes se déplacent selon la résultante de ces deux forces. Il existe différents modèles mathématiques permettant de prévoir le déplacement des nappes, que l'on peut régulièrement « recaler » par l'observation aérienne. Le modèle Mothy,...