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ṬŪSĪ MOḤAMMAD NAṢĪR AL-DĪN AL- (1201-1274)

Mohammad Nasir al-Din al-Tūsi est un philosophe, scientifique et mathématicien persan, né le 18 février 1201 à Tūs (Tous) au nord-est de l’Iran (auj. province du Khorasan-e Razavi) et mort le 26 juin 1274 à Bagdad.

Il commence son apprentissage à Tūs, où son père est juriste à l'École du douzième imam, principale secte chiite, et termine son éducation à Nīshāpūr, environ 80 kilomètres à l'ouest de sa ville natale, où il étudie Avicenne. De 1217 à 1221, on le trouve dans différentes institutions d’études religieuses à Mossoul et en Irak. Ses différents déplacements ne sont pas seulement guidés par les enseignements – que, dans son autobiographie, al-Tūsi juge décevants –, mais sont aussi dus au fait que Gengis khan, après avoir conquis Pékin en 1215, tourne son regard vers le monde islamique et atteint la région de Tūs en 1220. Nīshāpūr sera ainsi détruite en 1221 par les Mongols. La vie et l’œuvre de Nasir al-Din al-Tūsi seront en grande partie déterminées par l’avancée des troupes mongoles.

Vers 1227, al-Tūsi trouve refuge auprès du gouverneur ismaélien Nasir al-Din Abd al-Rahim dans sa forteresse montagnarde de Khorasan. Il dédie à ce dernier, en retour, son plus célèbre ouvrage, un traité de morale intitulé Akhlāq-e Nāsirī (1235, « Éthique ») qui s’appuie largement sur les penseurs grecs et persans préislamiques. Il est invité à demeurer dans la capitale de cet État ismaélien – fondé en 1090 lors de la conquête d'Alamūt par Hasan al-Sabbah et qui disparaîtra avec la prise de la ville par les Mongols en 1256 –, Alamūt, où il épouse la foi ismaélite sous les encouragements du nouvel imam, Ala’ al-Din Mohammad. Pendant cette période, al-Tūsi écrit divers ouvrages sur la théologie ismaélienne (Kitāb-e Rawdat al-TaslīmTaawwūrāt, traduit sous le titre La Convocation d'Alamut, une somme de philosophie ismaélienne), sur la logique (Asās al-Iqtibās, « Fondement de l'inférence ») et sur les mathématiques (Tahrir al-Maji, « Commentaire sur l'Almageste »). Lorsque, en 1256, Alamūt tombe aux mains d'Hūlāgū (env. 1217-1265), le petit-fils de Gengis khan, al-Tūsi accepte immédiatement le poste de conseiller scientifique du nouveau souverain. La rapidité avec laquelle il se met au service des Mongols lui vaudra d'être accusé d'avoir feint sa conversion à l'ismaélisme et fera naître des rumeurs selon lesquelles il aurait révélé les défenses de la cité. Al-Tūsi épouse une Mongole, puis est nommé ministre des Dons religieux. Sa présence lors de la prise de Bagdad par les Mongols en 1258 demeure sujette à controverse, bien qu'il ait certainement visité les villes chiites des environs peu de temps après l'événement. Mettant à profit la croyance d'Hūlāgū dans l'astrologie, al-Tūsi obtient son appui en 1259 pour construire un magnifique observatoire (achevé en 1262) à proximité de Marāgha (auj. en Azerbaïdjan), capitale de la région perse sur laquelle règne Hūlāgū. Plus qu'un observatoire, le bâtiment abrite aussi une bibliothèque de premier ordre et une institution scientifique dans laquelle Hūlāgū fait venir d'éminents savants islamiques et chinois. Financée par une dotation, cette institution poursuivra ses recherches au moins vingt-cinq ans après la mort d'al-Tūsi et certains de ses instruments astronomiques inspireront ceux construits par la suite à Samarcande.

« Trésor d’astronomie », Nasir al-Din al-Tūsi - crédits : Paris, BnF, Manuscrits, Arabe 2509, fos 40vo-41ro

« Trésor d’astronomie », Nasir al-Din al-Tūsi

Al-Tūsi est un homme d’une exceptionnelle érudition. Il rédige près de 150 ouvrages en arabe, en persan et en turc et traduit en arabe les œuvres d’Euclide, d’Archimède, de Ptolémée, d’Autolycos de Pitane et de Théodose. Toute son œuvre est marquée par les références aux mondes grecs, persans et arabes, entre lesquels il cherche à établir des liens. Il apporte en outre une contribution originale aux mathématiques,[...]

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« Trésor d’astronomie », Nasir al-Din al-Tūsi - crédits : Paris, BnF, Manuscrits, Arabe 2509, fos 40vo-41ro

« Trésor d’astronomie », Nasir al-Din al-Tūsi

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