FASSI MOHAMMED ALLAL EL- (1910-1974)
Homme politique marocain, figure du mouvement nationaliste.
Descendant d'une célèbre famille dont le rayonnement intellectuel a été particulièrement brillant à Fès, Allal el-Fassi (‘Allāl al-Fāssī) est né à Fès le 10 janvier 1910. Il a fortement marqué la vie sociale et politique du Maroc pendant près d'un demi-siècle. À peine entré à l'université de la Qarawiyyīn en 1927, il forme, avec quelques fils de famille, une association de jeunesse contestataire. Nourri de la pensée de mystiques et de politiques musulmans, il ambitionne de devenir le prophète du mouvement nationaliste. Entre 1920 et 1930, il publie des poèmes, participe à la propagation des écoles arabes libres, fait de la propagande en faveur d'Abd el-Krim, manifeste contre le Dahir berbère (1930) et connaît à deux reprises l'internement.
Après deux années d'enseignement à la Qarawiyyīn, il renonce à sa chaire. Toujours suspect, il échappe aux autorités françaises locales et gagne Paris, où il rencontre l'émir Chekib Arslan, le prestigieux partisan du panarabisme, en exil (1933). Il suit alors le mouvement national naissant et son animateur Hassan el-Ouazzani. Revenu à Fès en 1934, il participe, au sein du Comité d'action marocaine, à l'élaboration du Plan de réforme qui sera proposé à Paris sans succès. Élu président du nouveau Parti national formé en 1937, il est, par une mesure de sûreté prise par le gouvernement français pour couper court aux mouvements des masses marocaines, exilé peu après, pendant neuf ans, au Gabon. Coupé des mouvements d'idées qui animaient l'Europe et le monde arabe, il est acculé à ruminer les enseignements de la Qarawiyyīn. Une fois libéré, la hâte de rattraper son retard peut expliquer l'ambiguïté qui caractérise ses œuvres.
De retour au Maroc en 1946, il devient l'un des leaders du parti Istiqlāl créé en 1943, mais doit très vite s'exiler. Vivant à l'étranger de 1947 à 1953, il noue des contacts avec les représentants des pays arabo-musulmans de la Ligue arabe et s'installe au Caire (mai 1947), où il milite, aux côtés d'Abd el-Krim, des Tunisiens et des Algériens, pour former un Comité de libération du Maghreb. Il rassemble la documentation pour son premier livre écrit en 1948, Les Mouvements d'indépendance au Maghreb, qui sera traduit en anglais en 1954 sous le titre The Independence Movements in Arab North Africa. Les causeries de caractère philosophique et théologique qu'il donne comme maître de conférence à l'université al-Azhar seront publiées au Caire, en 1956, sous le titre De l'Occident à l'Orient. Paraît enfin, toujours au Caire, son œuvre maîtresse, L'Autocritique. Parallèlement à ces activités, Allal diffuse sur les ondes de la Voix des Arabes une série de discours publiés en 1957 sous le titre L'Appel du Caire. Profondément légaliste et fidèle au principe monarchique, sa mystique le rapprochait des Frères musulmans.
Ayant désapprouvé les négociations d'Aix-les-Bains, puis le traité d'indépendance qui mutile la carte d'un « Grand Maroc » (incluant la Mauritanie et le Sahara algérien) dont il rêvait, il regagne le Maroc en août 1956 pour la réunion du conseil national du parti de l'Istiqlāl. Il en apparaît alors comme l'un des principaux dirigeants. Avec celui du roi Mohammed V, auquel il était profondément attaché, son nom sera acclamé par les foules à l'annonce de l'indépendance. En 1958, il préside la conférence de Tanger, où les trois grands partis maghrébins, Istiqlāl, Néo-Destour et FLN, expriment leur solidarité.
Après la scission qui intervient en 1958 au sein de l'Istiqlāl, la tendance progressiste s'en détachant pour former l'Union nationale des forces populaires, Allal el-Fassi demande des pouvoirs spéciaux pour réorganiser le parti[...]
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Écrit par
- Emile SCOTTO-LAVINA : journaliste
Classification
Autres références
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MAROC
- Écrit par Raffaele CATTEDRA , Myriam CATUSSE , Encyclopædia Universalis , Fernand JOLY , Luis MARTINEZ et Jean-Louis MIÈGE
- 20 360 mots
- 22 médias
...panarabes qui agitaient l'Islam, prit forme en 1930. Le premier parti politique marocain, sous le nom de Comité d'action marocaine, animé par Allal el- Fassi, Ouazzani et Balafrej, élabora un « plan de réformes » qui, sans remettre en cause le principe du protectorat, s'en prit à ses déviations et à l'administration...