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AYOUB KHAN MOHAMMED (1907-1974)

Chef de l'État du Pakistan pendant onze ans, de 1958 à 1969, le maréchal Mohammed Ayoub Khan (Muhammad Ayyūb khān) est né à Rehana, village pathan de l'actuelle province pakistanaise de la frontière du Nord-Ouest. Traditionnellement, la population de cette région a donné de nombreux soldats à l'armée des Indes, puis au Pakistan ; Ayoub Khan est fils de militaires, et certains de ses ancêtres ont combattu les envahisseurs sikhs ou britanniques. En outre, sa famille est profondément croyante.

Ayant choisi la carrière des armes, il passe par l'Académie militaire britannique de Sandhurst, d'où il sort en 1927. Après plusieurs affectations dans le sous-continent, il est envoyé en Birmanie pendant la guerre avec le grade de commandant adjoint de régiment. Conseiller auprès du Comité de partition lors de la division de l'empire entre l'Inde et le Pakistan en 1947, il assiste aux massacres entre musulmans et Sikhs au Pendjab. Il est ensuite envoyé, dès le mois de janvier 1948, au Pakistan oriental en tant que commandant des forces armées locales ; en réalité, il est chargé de créer et d'organiser les forces militaires dans une région qui en est en grande partie dépourvue.

En 1951, le gouvernement le met à la tête des forces pakistanaises, après qu'il eut occupé quelque temps la fonction de chef d'état-major général adjoint. Là encore, il s'adonne avec passion à la tâche qu'il considère, en tant que militaire, comme primordiale : donner au Pakistan une armée qui lui permette de résister à l'Inde. Aussi, quand, en 1954, le gouvernement, aux prises avec de graves difficultés, lui offre le pouvoir, il refuse en disant : « Je peux mieux servir mon pays dans mon métier. » Et il ajoute dans ses Mémoires, Friends, not Masters (Des amis et non des maîtres) ; « Si j'avais succombé à la tentation [...] nous n'aurions certainement pas une armée digne de ce nom et le seul élément de stabilité aurait été neutralisé. » Mais, devant la grave crise qui se poursuit, Ayoub Khan abandonne ses scrupules et prend le pouvoir en octobre 1958 non à titre personnel, mais en tant que militaire de grade le plus élevé. Il va s'efforcer de donner au pays une structure politique de type présidentiel et d'établir les bases pour un développement économique rapide et équilibré entre les deux ailes du pays. Passionnément nationaliste (« La terre du Pakistan me fascine parce que c'est ma terre et que je lui appartiens », écrit-il), il tente de renforcer la position internationale du Pakistan, ternie par l'alliance américaine que Nehru, le champion du non-alignement à l'époque, dénonce. En dépit de son anticommunisme, il va établir des relations avec la Chine populaire, qui partage sa crainte à l'égard de New Delhi, tout en restant membre des pactes de l'Organisation des territoires de l'Asie du Sud-Est (O.T.A.S.E.) et du Central Treaty Organization (Cento). Le changement de politique de Washington, qui a décidé de soutenir l'Inde contre la Chine et semble se désintéresser du Pakistan, lui inspire des paroles amères : « Le chantage est-il plus payant que l'amitié ? » « Le peuple nous obligera à chercher de l'aide ailleurs qu'en Occident », déclare-t-il dans une interview au Monde.

En 1965, il est élu à la présidence de la République : il bat, grâce à un système d'« électeurs de base » contrôlé par le pouvoir, Mlle Jinnah, la sœur du fondateur du Pakistan ; c'est aussi l'année de la seconde guerre avec l'Inde. Le Pakistan résiste à son voisin, et l'accord de Tachkent va réaffirmer le statu quo ante. Mais la guerre a coûté fort cher à l'économie, et le mécontentement s'étend à l'ouest comme à l'est, où le sentiment nationaliste bengali est habilement exploité par la ligue Awami de [...]

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