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ZIA UL HAQ MOHAMMED (1924-1988)

Zia Ul Haq, 1980 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Zia Ul Haq, 1980

Chef de l'État pakistanais de 1977 à 1988. Né le 12 août 1924 à Jullundur au Pendjab resté indien après 1947, année de l'indépendance, et issu d'un milieu modeste, Mohammed Zia Ul Haq réussit néanmoins à faire ses études au prestigieux St Stephens College de Delhi. Il entre ensuite dans l'armée et participe à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Birmanie comme sous-lieutenant dans un régiment de cavalerie, devenu unité blindée. Comme la plupart de ses camarades musulmans, il opte pour le Pakistan au moment du départ des Britanniques.

Zia Ul Haq suit la filière militaire : école d'état-major en 1955, stage aux États-Unis en 1963. De 1969 à 1971, il est, avec le grade de brigadier, conseiller militaire en Jordanie, période délicate pour ce pays dont l'armée, en septembre 1970, mate rudement les Palestiniens. En 1976, il accède au sommet de la hiérarchie en devenant chef de l'état-major interarmes. Les mauvaises langues murmurent alors que le Premier ministre Bhutto, prompt à prendre ombrage des trop fortes personnalités, a choisi le général le plus effacé.

Là-dessus en 1977, à la suite d'élections truquées, le Pakistan entre en ébullition, divers partis réclament le départ de Bhutto.

Échauffourées, violences éclatent dans les villes. Finalement l'armée intervient comme elle l'avait fait en d'autres occasions. Son chef, le général Zia, prend le pouvoir et instaure la loi martiale. Son comportement durant les premiers mois fait sourire bon nombre de Pakistanais. Le général se contredit, hésite, semble incapable de s'affirmer. Or peu à peu apparaît un autre homme : un politicien habile aussi bien sur la scène internationale que nationale. Déjà en 1979 un banquier de Karachi qui, pourtant, ne l'aimait pas disait combien l'homme maîtrisait même des dossiers financiers complexes.

Il serait difficile de trouver contraste plus frappant entre Bhutto et Zia. Le premier, brillant, voire flamboyant, de belle prestance, vivant sur ses nerfs, « tuant » littéralement ses secrétaires, charmeur ou d'une rudesse impitoyable. Le second, calme, tôt couché et tôt levé, menant la vie simple d'un musulman pratiquant, d'une amabilité sans limite – ce qui ne l'empêche pas de jouer un jeu serré et de faire preuve de fermeté. Ainsi il refusera de gracier Bhutto qui sera pendu en 1979, sous l'accusation d'avoir fait exécuter un de ses ennemis politiques.

Le président Zia reçoit un lourd héritage : des tensions internes, une économie meurtrie par la ligne populiste de son prédécesseur. S'il réussit à rétablir un calme relatif, les tensions tendent à s'aggraver de nouveau à la fin de son règne ; les rivalités entre communautés (communalism) Pendjabis, Sindhis, Pathanes, Béloutches sont les unes et les autres avivées par les retombées de la guerre d'Afghanistan : la drogue, les armes destinées à la résistance, dont une partie reste au Pakistan, la corruption qui s'accroît.

Le président Zia a vivement encouragé les courants d'islamisation, ce qui lui valut des critiques même de la part de musulmans pratiquants, tandis qu'apparaissaient des tensions entre les sunnites et les minorités chiites.

Se méfiant des politiciens et de leurs manœuvres, il a tout de même fini par admettre la profonde lassitude de ses compatriotes à l'égard d'un régime militaire et policier, ce qui l'a conduit à un processus graduel de démocratisation. Depuis 1985, le Pakistan n'était pas encore une démocratie à part entière, mais ce n'était plus une simple dictature.

Dans le domaine économique, le président Zia a procédé à d'heureuses réformes qui, liées à la conjoncture, se sont traduites par une croissance de 6 à 7 p. 100 par an de 1977 à 1988.

Au niveau international, le président Zia a fait preuve d'une[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire des Instituts universitaires de hautes études internationales et d'études du développement, Genève (Suisse)

Classification

Média

Zia Ul Haq, 1980 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Zia Ul Haq, 1980

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  • PAKISTAN

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    • 9 médias
    ...l'armée saisit l'occasion pour dénoncer l'incurie des politiciens corrompus, justifiant ainsi un nouveau coup d'État. Le chef d'état-major, le général Zia Ul Haq prend le pouvoir le 5 juillet 1977, sans effusion de sang. Il organise le procès de Bhutto, qui est condamné à la peine capitale le 18 mars...