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GANDHI MOHANDAS KARAMCHAND (1869-1948)

Leader nationaliste et chef spirituel, réformateur social et promoteur d'un nouveau style d'action politique, Mohandas Karamchand Gandhi, surnommé le Mahātmā (« la Grande Âme »), a marqué de son empreinte l'évolution récente de l'Inde en même temps qu'il atteignait une audience mondiale.

Nehru et Gandhi, 1946 - crédits : Central Press/ Getty Images

Nehru et Gandhi, 1946

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Son prestige sur l'Occident tient à une synthèse inaccoutumée bien qu'elle ait été réalisée au cours de l'histoire ancienne, où le sage était guide spirituel en même temps que visionnaire politique, mais il se comprend plus aisément dans le climat oriental de la pensée où métaphysique et éthique forment un circuit direct dépourvu des articulations rationnelles qu'y a apportées la pensée occidentale.

De lui-même il a dit : « Je suis un idéaliste pratique » (Hind Svarāj, 11 août 1920). Et sans nul paradoxe sa tentative est celle d'une « expérience de la vérité », selon le titre qu'il a donné à son autobiographie. Proche de la pensée islamique pour qui Dieu, justice et vérité s'identifient, mais selon une orchestration proprement hindoue. Rien ne l'illustre mieux que cette intuition qui marque un événement de sa vie (« Dieu est vérité ») l'introduisant à une autre intuition plus fondamentale (« La vérité est Dieu »)[Young India, 31 déc. 1931]. La première exile la vérité à l'infini, la seconde ramène Dieu sur les chemins de tous les jours comme l'eau sacrée et quotidienne du Gange se prend religieusement au creux des mains.

Celui qui pratique le vrai ou le juste en même temps se divinise, et réciproquement celui qui veut se diviniser, fidèle à la philosophie hindoue pour qui « Dieu seul est, rien d'autre n'existe » (Young India, 31 déc. 1931), doit suivre dans son action les veines de la justice ou de la vérité. Une fois pour toutes, en ce point central de l'expérience gandhienne se joignent inséparablement l'orant religieux et le libérateur national, le mystique et le politique, l'ascète et le meneur de foules.

De ce nœud fondamental procède une psychologie. Gandhi est courtois et cependant catégorique, pur dans ses intentions et cependant assez avisé pour prendre l'adversaire en son point faible, impatient mais sachant attendre son heure et même accepter provisoirement des concessions, injurié dans ses vêtements de gentleman britannique et se faisant accueillir avec enthousiasme en simple pagne au Parlement de Londres, écrivant les Lettres à l'Ashram, véritable traité de spiritualité, et dictant les statuts d'une nouvelle constitution pour « Mother India ». Mais ce panorama psychologique est avant tout l'histoire et la découverte d'une vie.

La période probatoire (jusqu'en 1914)

La jeunesse et la période africaine

Rien de bien marquant dans la vie du futur Mahātmā jusqu'à son action en Afrique du Sud. Il naquit dans la caste des vaiśya (marchands) à Porbandar, dans le Gujarāt, d'une famille appartenant à la bourgeoisie administrative locale (son grand-père et son père avaient chacun exercé la fonction de Premier ministre de la principauté de Porbandar). Selon la coutume, il se maria à l'âge de douze ans ; de cette union naquirent quatre enfants. En septembre 1888, malgré l'interdiction de sa caste, mais avec l'assentiment de sa mère, il part pour l'Angleterre afin de poursuivre des études juridiques, non sans avoir fait le serment de ne toucher ni viande, ni alcool, ni femme. Au cours de son séjour en Grande-Bretagne, il affirme sa fermeté de caractère et manifeste un intérêt particulier pour la religion et la diététique. Admis au barreau et inscrit à la Cour d'appel en juin 1891, il s'embarque pour l'Inde. Les débuts du jeune avocat sont difficiles et aggravés par sa timidité et une extrême honnêteté. Une offre l'appelant à travailler en Afrique du Sud sera donc la bienvenue.[...]

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Écrit par

  • : professeur en philosophie, ex-directeur de la division de philosophie à l'U.N.E.S.C.O.
  • : docteur-ingénieur, chef de service de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique, administrateur du Centre de recherches agronomiques des Antilles et de la Guyane

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Médias

Nehru et Gandhi, 1946 - crédits : Central Press/ Getty Images

Nehru et Gandhi, 1946

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Gandhi, vers 1930 - crédits : Pictorial Parade/ Getty Images

Gandhi, vers 1930

Autres références

  • AHIṂSĀ

    • Écrit par
    • 465 mots

    Le mot sanskrit ahiṃsā, qui désigne, dans les religions de l'Inde, la non-violence (ou la non-nuisance) et même l'absence de toute intention de nuire, est composé du préfixe privatif a et de HIṂS, forme désidérative abrégée de la racine HAN (« frapper », « blesser », « tuer »)....

  • ĀŚRAM ou ASHRAM

    • Écrit par
    • 1 737 mots
    Gandhi, partisan déterminé et nostalgique du varna-āśrama-dharma, décrivait ainsi les quatre āśrama : « Le brahmacarya est, pour les femmes comme pour les hommes, l'âge de l'étude ; ils doivent vivre dans la chasteté et être libérés de tout autre souci que celui de leurs études. À vingt-cinq ans,...
  • BHAVE VINOBA (1895-1982)

    • Écrit par
    • 705 mots

    Héritier spirituel de Gandhi, Vinoba Bhave est, après celui-ci, le plus connu des apôtres de la non-violence en Inde ; il sut, tout en restant fidèle à la pensée du Mahatma, la mener plus loin. Vinoba s'est surtout attaché à faire progresser la pensée gandhienne dans le domaine de l'économie,...

  • BOSE SUBHAS CHANDRA (1897-1945)

    • Écrit par
    • 1 078 mots
    • 1 média

    Communément appelé Netaji (le chef), héros national du mouvement de libération de l'Inde contre la domination britannique, Subhas Chandra Bose est né à Cuttack (Orissa) le 23 janvier 1897. Fils de Janakinath Bose, kayastha du Bengale (c'est-à-dire membre d'une caste qui vient au second rang dans...

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