GANDHI MOHANDAS KARAMCHAND (1869-1948)
Le Mahātmā (1915-1948)
De 1916 à 1920, Gandhi devient très vite le grand leader indien. Jusqu'en 1948, l'essentiel de la vie politique indienne est axé sur lui. En fait son action sera multiple (politique, réformes sociales, purification morale). On peut néanmoins ramener à deux thèmes essentiels l'action du Mahātmā : la lutte contre les injustices sociales et celle contre l'empire britannique.
Le réformateur social
Inégalités et injustices étaient nombreuses en Inde : misère quasi générale (surtout chez les ruraux), injustice de la condition féminine, situation des Intouchables, intolérance mutuelle régissant trop souvent les rapports entre hindous et musulmans. L'une des particularités de Gandhi est de mener conjointement les luttes politiques et sociales.
En 1916-1917, il est amené à prendre la défense de deux groupes défavorisés : les paysans travaillant pour les planteurs d'indigo dans la région du Champaran et les ouvriers du textile d'Ahmadābād. Dans ces deux cas Gandhi utilise avec succès la non-violence, la désobéissance civile et le jeûne, lors de la grève à Ahmedābād, qui a pour but de faire pression sur les patrons, en s'adressant à leur cœur, et sur les ouvriers, dont la détermination faiblissait.
Toute sa vie, Gandhi reste attaché au khādi (toile de coton) et au mouvement Svadeshi (de svadesh, soi-même) et particulièrement de 1925 à 1927 et de 1932 à 1935. Il poursuit un double but : frapper la Grande-Bretagne dans son commerce extérieur et promouvoir la fabrication et la vente des produits de l'artisanat local. Cet objectif présentait des avantages : amélioration du niveau de vie rural, création d'une solidarité entre villes et campagnes (les citadins étant exhortés à acheter du tissu khādi), revalorisation du travail manuel (en cela, il se montre le disciple de Ruskin).
La lutte contre l'intouchabilité est une préoccupation constante chez Gandhi. Il s'attaque seulement à l'intouchabilité et non au système des castes (division de la société indienne en groupes héréditaires hiérarchiques). Il considère cette discrimination comme indigne d'une nation aspirant à la liberté. Pour lui, le svarāj (indépendance) sera impossible tant que subsistera cette malédiction qu'est l'intouchabilité. Sa lutte redoubla quand la Grande-Bretagne, après la IIe Conférence de la table ronde (Londres, sept. 1931), décida la création de collèges électoraux séparés pour les Intouchables. Le Mahātmā protesta contre cette mesure qui, selon lui, ne ferait que confirmer leur statut d'infériorité en instituant une ségrégation électorale. Un échange de lettres avec le gouvernement britannique n'ayant abouti à aucune solution et le projet de loi ayant été adopté, Gandhi décida (sept. 1932) de commencer un jeûne qui ne prendrait fin qu'avec sa mort. L'émotion qui s'empara du pays amena les dirigeants et les chefs religieux à négocier un accord après avoir difficilement convaincu B. R. Ambedkar (principal leader intouchable) : le pacte de Poona, tout en augmentant le nombre des sièges réservés aux Intouchables, supprimait la notion d'électorat séparé. Bien que moins spectaculaire, l'action de Gandhi se poursuivit soit symboliquement (il appelle son hebdomadaire Hārijān = enfant de Dieu, nom qu'il avait donné aux Intouchables), soit concrètement. À partir de 1937, il exercera des pressions sur les ministres congressistes pour qu'ils abolissent légalement les incapacités sociales des Intouchables.
La lutte contre l'empire britannique
Il est en général, face à l'empire britannique, le porte-parole du nationalisme indien, dotant ce mouvement de la classe moyenne d'une puissance émotionnelle agissant sur toutes les classes de la société.
Son action politique est marquée par une curieuse alternance[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René HABACHI : professeur en philosophie, ex-directeur de la division de philosophie à l'U.N.E.S.C.O.
- Joël KERMAREC : docteur-ingénieur, chef de service de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique, administrateur du Centre de recherches agronomiques des Antilles et de la Guyane
Classification
Médias
Autres références
-
AHIṂSĀ
- Écrit par Anne-Marie ESNOUL
- 465 mots
Le mot sanskrit ahiṃsā, qui désigne, dans les religions de l'Inde, la non-violence (ou la non-nuisance) et même l'absence de toute intention de nuire, est composé du préfixe privatif a et de HIṂS, forme désidérative abrégée de la racine HAN (« frapper », « blesser », « tuer »)....
-
ĀŚRAM ou ASHRAM
- Écrit par Guy DELEURY
- 1 737 mots
Gandhi, partisan déterminé et nostalgique du varna-āśrama-dharma, décrivait ainsi les quatre āśrama : « Le brahmacarya est, pour les femmes comme pour les hommes, l'âge de l'étude ; ils doivent vivre dans la chasteté et être libérés de tout autre souci que celui de leurs études. À vingt-cinq ans,... -
BHAVE VINOBA (1895-1982)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 705 mots
Héritier spirituel de Gandhi, Vinoba Bhave est, après celui-ci, le plus connu des apôtres de la non-violence en Inde ; il sut, tout en restant fidèle à la pensée du Mahatma, la mener plus loin. Vinoba s'est surtout attaché à faire progresser la pensée gandhienne dans le domaine de l'économie,...
-
BOSE SUBHAS CHANDRA (1897-1945)
- Écrit par Nimal BOSE
- 1 078 mots
- 1 média
Communément appelé Netaji (le chef), héros national du mouvement de libération de l'Inde contre la domination britannique, Subhas Chandra Bose est né à Cuttack (Orissa) le 23 janvier 1897. Fils de Janakinath Bose, kayastha du Bengale (c'est-à-dire membre d'une caste qui vient au second rang dans...
- Afficher les 17 références