MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME (exposition)
Rome, Caput mundi
De nombreux portraits d’Auguste de qualité sont réunis, à toutes les étapes de sa précoce et longue carrière. On voit ainsi l’évolution de quatre types de portraits officiels. Le type Béziers-Spolète ; le type Actium-Alcudia, qui présente des visages juvéniles et passionnés, dont la coiffure se gonfle de longues mèches superposées ; le type Forbes ; le type de Prima Porta, dont le traitement classicisant reflète uniformément la lumière et rapproche l’expression d’Auguste de la sérénité des dieux, sans jamais reproduire les marques du vieillissement.
De surprenantes effigies en bronze d’Auguste sont exposées, comme la tête de Méroé (British Museum, Londres), qui a conservé les incrustations de pierre reconstituant les yeux, qu’un roi nubien avait fait placer sous le seuil d’un temple pour que ses sujets pussent fouler de leurs pieds le chef du pouvoir romain. La statue équestre en bronze d’Athènes, découverte dans la mer Égée, montre Auguste en chef de guerre victorieux, dans les années qui ont suivi la victoire d’Actium, avec la crosse (lituus) des augures gravée sur son anneau, symbolisant la légitimité de son pouvoir à l’égard des hommes et des dieux.
L’exposition fait une place à la reconstruction de Rome par le pouvoir augustéen, à la révolution ornementale qui l’a accompagnée (avec une remarquable série de rinceaux pré-augustéens et augustéens sur divers supports), et même à la résidence d’Auguste au Palatin, avec les peintures réalisées par Joseph Layraud, montrant les fouilles de la maison de Livie menées en 1869, dont la reproduction des peintures qui y ont été découvertes et dont l’une a presque disparu.
Auguste avait entrepris de renouveler la face de la terre. Les témoignages de ce changement de décor dans les provinces sont aussi évoqués par de remarquables décors sculptés, comme la reproduction à Mérida (capitale de la Lusitanie romaine) du groupe d’Énée fuyant Troie, dont l’original perdu ornait le nouveau forum construit à Rome par Auguste, ou encore l’Autel aux cygnes du théâtre d’Arles, qui rappelle qu’Auguste a construit de nombreux théâtres dans l’Occident romain, devenus des lieux de mise en scène de son pouvoir et de diffusion d’une véritable mystique apollinienne. On entre aussi dans l’intimité de la famille impériale, avec les arts précieux, dont certains témoignages étaient des cadeaux que se faisaient entre eux les membres de la famille augustéenne.
Cette exposition rend un hommage à la mesure du personnage qui a fixé, pour des siècles, le cadre institutionnel et idéologique de l’Empire de Rome, et dont les choix retentissent encore aujourd’hui dans le monde où nous vivons.
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Écrit par
- Gilles SAURON : professeur d'archéologie romaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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