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GUINZBOURG MOÏSSEÏ IAKOVLEVITCH (1892-1941)

Après des études secondaires, Moïsseï Iakovlevitch Guinzbourg part pour l'étranger (Paris, Toulouse, Milan) afin d'y étudier l'architecture (son père était lui-même architecte). En 1923, il devient professeur au Vkhoutemas et écrit une série d'articles, premiers essais théoriques, qui représentent la plate-forme du mouvement « constructiviste » en architecture. Il publie son premier livre Le Rythme en architecture, dans lequel il souligne l'importance de la technique et de l'architecture industrielle. En 1924, avec Le Style et l'époque, il s'affirme comme un théoricien expérimenté. Avec Alexandre Vesnine et un groupe d'architectes (Bertch Bourov, Sobolev, Krassilnikov), il forme, en 1925, le groupe de l'O.C.A. (Union des architectes contemporains), bastion du constructivisme, et l'un des deux groupes fondamentaux de l'architecture des années vingt (le second étant l'Asnova — Association des nouveaux architectes — qui s'intéresse surtout aux recherches formelles). À partir de 1926, l'O.C.A. possède son propre organe, l'Architecture contemporaine (A.C.), dont les rédacteurs sont Alexandre Vesnine et Guinzbourg, et qui paraîtra de 1926 à 1931. Parallèlement aux « constructivistes-productivistes » (tels Rodtchenko, Gan) qui, dans le domaine des arts appliqués, définissent le statut de l'artiste en U.R.S.S., Guinzbourg esquisse le portrait du nouveau type d'architecte : « L'architecte ne doit pas être le décorateur de la vie, mais son organisateur... La création inconsciente, impulsive doit laisser place à une méthode organisatrice clairement définie. » Le bâtiment doit posséder une « orientation fonctionnelle » qui allie les qualités artistiques et utilitaires. À partir de 1926, Guinzbourg étudie le problème du logement qu'il théorise dans son livre Le Logement (Žilišče) publié en 1930. La maison doit permettre l'épanouissement d'un nouveau mode de vie. Le type de la « maison-commune » (dom komuna), comme celle du boulevard Novinski construite en 1930, implique une nouvelle répartition de l'espace intérieur. Ces projets soulèvent des problèmes de caractérisation et de standardisation de la construction, ainsi que des problèmes de planification des ensembles d'habitation. En 1928-1929, il construit à Moscou l'immeuble du Narkomfin (commissariat du peuple aux Finances). Guinzbourg occupait lui-même une cellule d'habitation dans cet immeuble doté de services collectifs ; dans ce logement se réunissaient les membres de la rédaction de la revue l'Architecture contemporaine. En 1930, en collaboration avec Bartch, il présente le projet de la « ville verte » ou de la reconstruction socialiste de Moscou dans lequel s'affirment ses tendances « désurbanistes ». La ville est conçue comme un ensemble de maisons dispersées dans la campagne et reliées par des voies de communication. De 1930 à 1934, il participe à une série de concours : concours pour un « théâtre synthétique » à Sverdlovsk (1931) ; concours pour le palais des Soviets (1932), concours pour le bâtiment du Narkomtiajprom (commissariat du peuple à l'Industrie lourde, 1934). Guinzbourg jouera un grand rôle à l'Union des architectes (créée en 1936), où il défendra courageusement les dernières tentatives de l'architecture d'avant-garde face aux attaques des réalistes.

— Anatole KOPP

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Écrit par

  • : architecte honoraire, professeur à l'université de Paris-VIII

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