MOLDAVIE
Nom officiel | République de Moldavie |
Chef de l'État | Maia Sandu - depuis le 24 décembre 2020 |
Chef du gouvernement | Dorin Recean - depuis le 16 février 2023 |
Capitale | Chisinau |
Langue officielle | Moldave (roumain) |
Population |
2 457 783 habitants
(2023) |
Superficie |
33 850 km²
|
Article modifié le
Histoire
L'ancienne Moldavie
Les Génois, en fondant des avant-postes commerciaux fortifiés sur le Dniestr au xive siècle, frayèrent la voie des premiers contacts avec la culture occidentale en Bessarabie ; cette dernière, pour se développer, était toutefois tributaire de l'essor des principautés de Moldavie et de Valachie qui s'étendirent bientôt de façon à inclure son territoire. La partie méridionale de la Bessarabie tira probablement son nom de la dynastie régnante de Valachie au xive siècle, les Basarab. Au siècle suivant, la province entière devint une partie de la Moldavie, mais fut rapidement exposée aux attaques des Turcs, et les positions clés de Cetatea Albă Cetatea Albæ et de Chilia (actuellement Bielgorod-Dniestrovski et Kilia en Ukraine) furent prises en 1484 ; cette conquête fut ratifiée par traité (en 1503 et 1513). À nouveau séparée, la partie méridionale de la Bessarabie fut organisée par les Turcs en deux sandjak de l'Empire ottoman. À partir de Pierre Ier le Grand, la Russie poussa en direction du delta du Danube. Les Russes occupèrent la Moldavie cinq fois entre 1711 et 1812, et obtinrent que la Turquie leur cède la Bessarabie – à peu près la moitié de la Moldavie historique – au traité de Bucarest (1812).
L'administration russe (1812-1917)
En 1829, au traité d'Andrinople, la Russie repoussa sa frontière sud de façon à inclure le delta du Danube. Après la guerre de Crimée, le traité de Paris, en 1856, rendit la Bessarabie méridionale (divisée à cette époque en trois départements : Izmaïl, Kagul [ou Cahul] et Bolgrad) à la Moldavie ; mais, en 1878, le traité de Berlin, quoique la Roumanie ait combattu la Turquie aux côtés des Russes, attribua à nouveau ces trois départements à la Russie, et donna la Dobroudja à la Roumanie en compensation.
L'administration russe fut d'abord libérale. L'autonomie, concédée en 1818, est restée en vigueur jusqu'en 1828 ; un boyard moldave a été nommé gouverneur et un archevêque moldave mis en place. Malgré tout, nombre de paysans moldaves qui redoutaient l'introduction du servage se réfugièrent sur la rive occidentale du Prut (ou Prout). L'introduction du système de zemtsvo (assemblées locales rurales, instituées par Alexandre II en 1864, dans lesquelles noblesse et paysannerie étaient réunies) accorda en 1869 un certain degré d'autonomie locale, puis une politique de russification de l'administration tant civile qu'ecclésiastique fut menée ensuite, mais qui eut peu d'effet sur une paysannerie largement illettrée. La création du royaume de Roumanie (1881) constitua un pôle d'attraction pour le nationalisme moldave ; mais le mouvement ne se manifesta guère de façon vivace en Bessarabie avant la révolution russe de 1905.
Les forces de ce mouvement national étaient moins composées de boyards (largement russifiés) que de maîtres d'école et de curés de campagne. Sous le gouvernement russe, la Bessarabie acquit une certaine prospérité. L'empire offrait un bon débouché aux produits agricoles bessarabiens, qui étaient expédiés par voie fluviale ou par réseau ferré construit pour relier la région à la ligne principale Nord-Sud menant à Odessa. Chisinau (en russe Kichinev) était une ville relativement florissante, quoique sa nombreuse population juive ait été victime d'un pogrom en 1903.
La Première Guerre mondiale et la révolution russe
Lors de la Première Guerre mondiale, les puissances centrales incitèrent la Roumanie à se ranger de leur côté, en lui offrant de lui rendre la Bessarabie. La balance pencha néanmoins en faveur des Alliés, autant en raison de la contre-proposition faite par ces derniers de restituer à la Roumanie la Transylvanie et la Bucovine, que du sentiment francophile du peuple roumain ; de sorte que, en 1916, la Roumanie combattit comme alliée de la Russie. Le ferment révolutionnaire et nationaliste régnant dans l'Empire russe gagna rapidement la Bessarabie, qui afficha son soutien au socialiste révolutionnaire modéré Alexandre Kerenski en mars 1917. En avril, le Comité national moldave réclama l'autonomie, la réforme agraire et l'usage de la langue roumaine ; des droits similaires furent réclamés pour les Moldaves installés à l'est du Dniestr (environ 400 000 personnes). Un mouvement en faveur de l'indépendance complète fut encouragé par les événements d'Ukraine et, en novembre 1917, un conseil connu sous le nom de Sfatulţării (Conseil du pays) fut créé sur le modèle de la diète de Kiev. Le 15 décembre 1917, celui-ci proclama la Bessarabie république autonome constitutive de la Fédération des républiques russes. Les désordres causés par la garnison révolutionnaire russe conduisirent le Conseil du pays à faire appel aux représentants des Alliés et au gouvernement roumain à Jassy (en roumain Iaşi) pour une aide militaire, à la suite de quoi les bolcheviques occupèrent Chisinau en janvier 1918. En deux semaines, ils furent repoussés par les forces roumaines ; et, le 6 février, le Conseil, à nouveau à l'imitation de Kiev, proclama la Bessarabie république moldave indépendante, renonçant à tout lien avec la Russie.
Reconnaissant l'impossibilité économique de l'isolement et préoccupée par les prétentions d'un gouvernement ukrainien couvert par l'Allemagne, le Conseil vota en faveur d'une union conditionnelle avec la Roumanie en avril 1918. Les réserves à propos de l'union furent abandonnées après la défaite des puissances centrales et la création de la Grande Roumanie, et l'union inconditionnelle fut votée en décembre 1918 lors de la session finale du Conseil. L'union de la Bessarabie à la Roumanie fut reconnue par traité (partie de la conférence de paix de Paris) signé le 28 octobre 1920 par la France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Japon et la Roumanie ; le traité fut ensuite ratifié par tous les signataires à l'exception du Japon.
L' Union soviétique ne reconnut jamais les droits de la Roumanie sur cette province et, en 1924, institua une minuscule République socialiste soviétique autonome moldave, sur le territoire de l'Ukraine, de l'autre côté du Dniestr, avec Balta pour capitale. La frontière le long du fleuve fut fermée, et les liaisons ferroviaires ne furent rétablies qu'en 1936, deux ans après la reprise des relations diplomatiques (entre l'URSS et la Roumanie).
L'administration roumaine
Le gouvernement roumain mit immédiatement en œuvre la réforme agraire drastique entreprise par le Sfatulţării, selon laquelle la propriété terrienne maximale autorisée était de 200 acres (100 hectares). Malgré cela, la province stagnait économiquement. L'incertitude causée par les prétentions persistantes de l'Union soviétique en entravait le développement ; la Roumanie avait peu besoin des fruits, des céréales et du vin de la Bessarabie ; les routes étaient inadaptées ; le réseau ferré était en correspondance avec celui de la Russie ; la fermeture du Dniestr et la perte du débouché naturel d'Odessa eurent ainsi un effet désastreux. La province fut placée sous un régime centralisé à caractère parfois militaire ; en 1938, le roi Carol II tenta de rompre son unité historique en la subdivisant en de nouvelles régions. Quelques concessions tardives furent faites en 1939 aux minorités.
La Seconde Guerre mondiale
Après le pacte germano-soviétique d'août 1939, l'Union soviétique réaffirma ses prétentions sur la Bessarabie, et l'effondrement du front européen occidental face aux Allemands en 1940 précipita les événements. À la fin de juin, un ultimatum soviétique à la Roumanie exigea la cession de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord. Le gouvernement roumain fut contraint de s'y soumettre, et les troupes soviétiques entrèrent dans la province le 28 juin. Le 11 juillet, les départements de la Bessarabie centrale habités en majorité par des Moldaves furent adjoints à une partie de la république autonome moldave d'au-delà du Dniestr, pour constituer en août une République socialiste soviétique de Moldavie, avec Chisinau pour capitale. Le département de Hotin (Khotine), au nord, fut incorporé à la République socialiste soviétique d'Ukraine, ainsi que les départements méridionaux de Cetatea Albă et d'Izmaïl. De nouvelles terres furent expropriées et la collectivisation fut lancée. Beaucoup de Moldaves partirent, des juifs s'installèrent et toute la population allemande fut déplacée dans l'ouest de la Pologne, à la suite d'un accord entre l'Allemagne et l'Union soviétique. En juillet 1941, la Roumanie, qui était entrée en guerre comme alliée de l'Allemagne contre l'Union soviétique, réoccupa la Bessarabie. À partir de décembre 1942, celle-ci fut administrée comme territoire roumain à part entière, quoique la prise d'un décret formel d'annexion ait été reportée à la fin des hostilités. Des paysans moldaves de Transdniestrie (ou Transnistrie), la nouvelle province organisée entre le Dniestr et la partie sud du Boug, furent installés dans les fermes des Allemands qui étaient partis, et de nombreux juifs furent tués ou déportés.
La République socialiste soviétique de Moldavie
À la suite de l'occupation soviétique de la Bessarabie en 1944, la province fut réintégrée à l'Union soviétique comme RSS moldave. Dès lors, ce sont les principes formulés à Moscou qui devinrent la norme du développement politique et économique du pays, jusqu'au début de l'affaiblissement du système soviétique, à la fin des années 1980. Le parti communiste coordonnait toutes les activités publiques, et justifiait son monopole du pouvoir comme étant une nécessité pour créer les fondements matériels de l'édification du communisme. Le parti conduisit une industrialisation et une collectivisation de l'agriculture vigoureuse fondée sur l'abolition de la propriété privée de la terre et des moyens de production et de distribution. La Moldavie proclame sa souveraineté en juin 1990, participant à la vague centrifuge qui touche toutes les républiques soviétiques.
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Écrit par
- Barbara BUCKMASTER : rédacteur sur la région des Balkans, Institut royal des affaires internationales, Londres
- Keith Arnold HITCHINS : professeur d'histoire, université de l'Illinois, Urbana-Champaign
- Florent PARMENTIER : docteur en science politique, secrétaire général du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)
- Yann RICHARD : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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MOLDAVIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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CHISINAU
- Écrit par Yann RICHARD
- 378 mots
- 1 média
La localité de Chisinau est apparue en 1466 dans la principauté de Moldavie. Elle passa au xvie siècle sous le contrôle de l'Empire ottoman, puis en 1812, de l'Empire russe, avec le rôle de centre administratif de la province de Bessarabie. Elle devint en 1917 la capitale éphémère de la Moldavie...
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Voir aussi
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