MOLLUSQUES
L' embranchement des Mollusques est l'un des plus diversifiés de toute la zoologie, car il englobe plusieurs catégories bien distinctes d'espèces animales, qui toutes cependant répondent aux mêmes critères fondamentaux. Ces catégories forment pour les Mollusques actuels sept classes d'importance numérique très inégale, que l'on désigne comme Aplacophores, Polyplacophores, Monoplacophores, Bivalves (moules, huîtres), Gastéropodes (escargots, limaces), Céphalopodes (calmars, seiches), Scaphopodes (dentale).
Par leur ontogenèse, les Mollusques se révèlent assez étroitement apparentés aux « Vers », mais la métamérisation du corps de certains d'entre eux les rapproche aussi des Arthropodes, de sorte que leur souche commune pourrait être apparue au niveau des Vers plats et plus précisément des Turbellariés. Les classes de Mollusques étant déjà individualisées au Cambrien, aucun indice ne peut permettre de vérifier le bien-fondé de cette hypothèse, mais l'on pense que le « Mollusque primitif » possédait un certain nombre de traits fondamentaux dont les classes actuelles ont inégalement hérité.
Il est probable que les premiers Mollusques montraient une symétrie bilatérale. Or celle-ci s'est oblitérée au cours de l'évolution de l'une des lignées, celle des Gastéropodes, par suite de l'apparition, toujours entourée d'un mystère total, d'une torsion de 1800 de la masse viscérale du corps par rapport à l'ensemble de la tête et du pied. Le bouleversement qui a résulté de cet étrange phénomène a nécessité bien des ajustements anatomiques et physiologiques, mais il ne s'est nullement opposé à l'épanouissement de ce vaste groupe.
Un second problème concerne la métamérisation du corps et l'on a pensé que les indices d'une répétition de paires d'organes visibles dans certains groupes de Mollusques pouvaient être interprétés comme ceux d'une métamérisation véritable qui existait déjà dans les Mollusques primitifs. Une découverte exceptionnelle devait confirmer ce point de vue. En 1957, le chalut de la Galathea ramena, d'une profondeur de 3 570 mètres, dix individus vivants d'un Mollusque du groupe des Monoplacophores, groupe créé en 1940 pour des formes paléozoïques que l'on croyait éteintes. Ce Mollusque fut baptisé Neopilina galatheae. On y reconnaissait cinq paires de branchies, cinq paires de néphridies et plusieurs paires de muscles rétracteurs. Aucun Mollusque n'avait montré jusqu'alors une métamérie aussi nette. Or l'auteur même de cette très belle découverte annonçait en 1962 puis en 1966 qu'il était enclin à changer radicalement d'opinion et à considérer que les Mollusques devaient dériver de Cœlentérés primitifs.
Compte tenu des différences profondes qui séparent les classes de Mollusques, une certaine unité de plan de constitution peut apparaître si l'on considère que leur corps comprend deux ensembles sur lesquels se sont manifestées les tendances évolutives ; ce sont le cephalopodium, ensemble de la tête et du pied, et le complexe palléo-viscéral, constitué par la masse des viscères et le manteau qui la recouvre et la déborde pour former la cavité palléale. Quant à la coquille, production du seul manteau, elle en reflète toutes les modifications.
Le cephalopodium a son expression la plus parfaite chez les Céphalopodes où le pied, fusionné avec la tête, s'est découpé en bras et en tentacules. Il n'est scindé en tête et pied distincts que chez les Gastéropodes, car dans les autres groupes la tête se réduit et même disparaît chez les Bivalves.
Le complexe palléo-viscéral, par sa situation en quelque sorte dorsale par rapport à l'articulation céphalopédieuse, suggère qu'un facteur nouveau a modifié profondément les conditions de l'accroissement[...]
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Écrit par
- André FRANC : professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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