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HATOUM MONA (1952- )

Mona Hatoum a d'abord été connue comme une artiste réalisant des performances qui mettaient souvent en scène la violence et la sexualité, et au cours desquelles son propre corps était volontairement exposé, parfois jusqu'à la limite de ses forces. Bien que ces performances aient été presque toutes filmées, Mona Hatoum ne les considère pas comme un travail vidéo à part entière. C'est en 1983 qu'elle entame véritablement un travail vidéographique qui, même restreint, est d'une qualité et d'une acuité étonnantes par les jeux du simple et du complexe, du subjectif et du politique, de la mémoire personnelle et de l'histoire qu'il met en œuvre.

Mona Hatoum est née en 1952 à Beyrouth, au Liban, qu'elle quittera pour des raisons personnelles et politiques. Elle s'exile d'abord à Vancouver, ensuite à Londres où elle s'est installée. Ses vidéos portent les traces de sa séparation physique et mentale avec sa famille palestinienne, plus particulièrement sa mère, et tentent de restituer, ou plutôt de reconstruire, un passé qui devient alors un présent perpétuel dans des images vidéos qui jouent sur des registres contextuels, singuliers et universels. À un premier niveau, les références voilées ou explicites à une situation de guerre, étroitement mêlées aux lieux autobiographiques de l'artiste (la maison familiale, les rues, les quartiers qu'elle a connus), donnent à voir les liens unissant tout un peuple à un individu.

Dans Mesures of Distance (1988), Mona Hatoum exprime la douleur intime à travers les images que la vidéaste a choisies de sa mère et un choix de lettres envoyées par cette dernière à sa fille, lues en voix off : ces lettres parlent de la guerre, de la vie quotidienne, de ce qui a été perdu. Mais le point de vue personnel acquiert un statut plus général ; ce n'est plus seulement un fragment d'un moment historique, c'est aussi le drame de deux femmes cruellement séparées. C'est aussi, à un autre degré, une simple histoire d'amour filial que chacun peut comprendre. La stratification des niveaux de lecture est remarquablement servie par la structure formelle. Mona Hatoum a ainsi souvent recours à des images vidéo qui utilisent le medium photographique ou cinématographique en y intégrant des images presque immobiles ou ralenties. Si les grains et les couleurs rappellent le tirage papier, les cadrages et les points de vue évoquent plutôt la construction filmique. C'est donc là aussi un travail sur la mémoire et sur l'histoire, mais portant cette fois sur des procédés et des formes plastiques. Mona Hatoum parvient ainsi à exprimer des pensées politiques et sociales, des sentiments intimes profondément enfouis, tout en donnant forme par l'image à une réalité dont l'artiste est obligée de s'éloigner.

Alors qu'elle avait abandonné la vidéo pour se consacrer à des objets-sculptures, Mona Hatoum a présenté au Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou à Paris, dans une exposition personnelle (1994), une installation (Corps étranger) qui intègre à nouveau la vidéo. Installation concernant le corps, puisqu'il s'agit d'une endoscopie projetée à même le sol, sur un mètre de diamètre. Quant à l'omniprésence dans son œuvre du thème de l'exil, on la retrouve dans Mobile Home (2005). Les passeurs de mémoire sont ici des objets familiers et d'usage domestique.

À la biennale de Venise de 2009, elle présente dans son exposition InteriorLandscape des installations faisant référence à la violence et à l’oppression, comme Impénétrable, un cube de tiges en fil barbelé, Bukhara, un tapis en laine sur lequel s’inscrit un planisphère, ou Hot spot III, un globe de métal dont les continents sont cernés de néons rouges incandescents.

Dans le cadre de l’Atelier de l’EuroMéditerranée[...]

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Écrit par

  • : professeur en esthétique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art

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Autres références

  • BODY ART

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    • 4 586 mots
    • 1 média
    C'est d'une manière violente queMona Hatoum interroge son statut de femme palestinienne à la recherche de son identité. Son travail fait souvent référence à des réalités hostiles, à des forces destructives sans être localisé. Variations on Discord and Divisions (1984) se déroule dans un espace...