MONACHISME
Le monachisme bouddhique
Des premiers disciples du Bouddha aux religieux d'aujourd'hui
L'institution de l'ordre monastique dans le bouddhisme remonte au Bouddha lui-même qui, pour cela, emprunta largement à une tradition toujours florissante dans l'Inde. Comme les autres religieux de ce pays, le moine bouddhiste était un ascète (śramaṇa), c'est-à-dire un homme qui « s'efforçait » d'obtenir une certaine forme de salut. Pour atteindre ce but, il avait d'abord abandonné complètement la vie laïque, ses plaisirs qu'il jugeait décevants, ses commodités et ses obligations, et il se livrait à des austérités et à des exercices enseignés par les maîtres de la secte à laquelle il appartenait.
Le moine bouddhiste se distinguait de la plupart des autres ascètes indiens par certains caractères que lui imposaient les codes de discipline (Vinayapiṭaka), dont les principaux articles et surtout l'esprit général sont l'œuvre du Bouddha. Comme l'indique son nom, c'était essentiellement un « mendiant » ( bhikṣu), devant vivre exclusivement des aumônes données par les fidèles laïques (upāsaka). À ceux-ci, comme pour les remercier, il prêchait les rudiments de la doctrine bouddhique, leur recommandant particulièrement la générosité et la moralité qui les feraient renaître parmi les dieux ou les hommes fortunés. À l'origine, le moine bouddhiste était un ascète errant, n'ayant d'autre toit que le feuillage des arbres au pied desquels il s'abritait ou se reposait, vêtu de haillons ramassés dans la poussière, la tête entièrement rasée, ne mangeant qu'une seule fois par jour, avant midi, le peu de nourriture obtenue en mendiant. Il passait le plus clair de son temps à pratiquer les méditations et les autres exercices psychophysiologiques apparentés au yogagrâce auxquels, en purifiant sa pensée et en apaisant ses passions, il se rapprochait progressivement de la délivrance du cycle des transmigrations, de « l'extinction » (nirvāṇa). Pendant les trois mois de la saison des pluies, où tout déplacement était impossible, les moines bouddhistes demeuraient par petits groupes en un même endroit, habitant quelques huttes légères dispersées dans un parc. Si, comme tous les ascètes indiens, ils menaient une vie fort austère, où la chasteté absolue était de règle, ils se distinguaient cependant de la plupart des autres religieux en s'abstenant de toute pratique recherchant délibérément la douleur : blessures et brûlures volontaires, jeûnes prolongés, immobilité dans des postures fatigantes, tous exercices que le Bouddha jugeait non seulement stériles mais nuisibles à la progression sur la voie du salut.
De tout temps et de nos jours encore, dans tous les pays où s'est répandu le bouddhisme, certains de ses moines ont volontairement choisi la rude existence des premiers disciples du Bouddha. Ce sont les ascètes « forestiers » ( āraṇyaka) qui, retirés dans des endroits écartés de forêt ou de jungle, souvent dans des grottes de montagne, observent scrupuleusement les « austérités » (dhutāṅga) qui étaient de règle à l'origine. Dans un dénuement presque total, loin des agglomérations et des troubles qu'elles causent, ils se livrent à loisir aux méditations et autres exercices psychophysiologiques. Beaucoup d'entre eux ne passent là que quelques années, ou même quelques mois, avant de regagner leur monastère. Notons à ce propos que les moines bouddhistes ne prononcent pas de vœux et qu'ils sont toujours libres de retourner à la vie laïque.
Dans leur grande majorité, les religieux bouddhistes ont adopté très tôt une vie sédentaire, habitant des monastères qui n'étaient primitivement que ces groupes de huttes où ils devaient seulement passer la saison des pluies. Leur vie est plus douce que celle des ermites forestiers,[...]
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Écrit par
- André BAREAU : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme
- Guy BUGAULT : professeur émérite de philosophie indienne à l'université de Paris-Sorbonne
- Jacques DUBOIS : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Henry DUMÉRY : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre
- Louis GARDET
: ancien professeur au collège philosophique et théologique de Toulouse, co-directeur de la collection Études musulmanes, collaborateur de l'
Encyclopédie l'Islam - Jean GOUILLARD : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
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