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JUILLET MONARCHIE DE

Conservatisme politique et progrès économique : 1835-1846

La vie politique (1835-1840)

La période qui va de 1835 à 1840 est moins dominée par le souci du maintien de l'ordre que la précédente, aussi les dynastiques (partisans du régime) se divisent-ils en plusieurs tendances, ce qui rend difficile la constitution de majorités gouvernementales. Un ministère Thiers (févr.-sept. 1836), sans programme précis, échoue en raison de son désaccord avec la politique étrangère préconisée par le roi qui refuse un projet d'aide militaire aux libéraux d'Espagne. Louis-Philippe gouverna de 1836 à 1839 avec le comte Molé, d'abord associé à Guizot qui reprit le portefeuille de l'instruction publique (il l'avait déjà occupé et avait fait passer, en 1833, une loi importante sur l'instruction primaire) ; le désaccord entre les deux ministres amena le départ de Guizot, en avril 1837, et celui-ci, quelques mois plus tard, se joignit à Thiers et, au centre gauche, à Odilon Barrot et à la gauche dynastique pour former une coalition regroupant les adversaires du ministère, et aussi ceux de la dynastie.

Le ministère Molé avait profité du succès diplomatique relatif que représentait le mariage du jeune duc d'Orléans à une princesse allemande pour pratiquer une politique d'amnistie des détenus politiques et pour rallier une partie des légitimistes (notamment dans le clergé).

Les élections de février 1839 marquèrent à la fois l'échec de Molé et celui du gouvernement trop personnel du roi ; mais elles ne donnèrent pas une majorité cohérente. Seule une émeute provoquée le 12 mai par la société secrète des Saisons, avec Blanqui et Barbès, mit fin à la crise ministérielle ; devant le péril, se constitua pour quelques mois un ministère auquel succèda, le 1er mars 1840, le second ministère Thiers.

Thiers est soutenu par la majorité de la Chambre, par la gauche dynastique et plusieurs grands journaux parisiens ; mais, à défaut de programme, il flatte les passions nationales en annonçant le retour des cendres de Napoléon, en mai 1840. Au cours de l'été, il se heurte à une grave crise diplomatique : depuis plusieurs années le conflit entre le sultan et le pacha d'Égypte préoccupait les grandes puissances ; Thiers avait espéré une médiation directe de la France, mais il fut pris de court par l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse qui signèrent, le 15 juillet à Londres, un traité pour soumettre le pacha Mehemet-Ali à l'autorité du sultan. Thiers, poussé par l'opinion nationale, vit dans cet échec de sa politique une injure nationale, menaça l'Europe de guerre, mobilisa et projeta de fortifier Paris.

Au même moment, une agitation sociale en rapport avec des difficultés économiques, des grèves à Paris, des banquets révolutionnaires inquiètent l'opinion bourgeoise qui redoute la guerre et la révolution ; sentant son désaccord avec les Chambres et le roi, Thiers, déconsidéré par les rodomontades, démissionne avant la réunion des députés. Mais il fait figure de champion de l'honneur national sacrifié aux partisans de la paix à tout prix.

Le ministère Soult-Guizot (1840-1848)

Abd el-Kader - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Abd el-Kader

Cette situation rend délicate la position du nouveau ministère, formé le 29 octobre 1840 sous la présidence nominale du maréchal Soult, et dirigé en fait par Guizot. Considéré comme un cabinet de transition, il devait durer jusqu'en 1848 (en 1847, Guizot remplace Soult, vieilli, à la présidence). Guizot renoue avec les alliés pour trouver, en 1841, une solution apaisante à la question d'Orient ; il profite de l'arrivée au pouvoir en Angleterre des conservateurs pour mener une politique d'entente cordiale avec Aberdeen et Peel de 1841 à 1845. À l'intérieur, en dépit de difficultés provoquées par le passif financier du ministère Thiers (l'effort pour accroître le rendement de l'impôt provoqua[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

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Médias

Louis-Philippe - crédits : Hulton Royals Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Louis-Philippe

Abd el-Kader - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Abd el-Kader

<it>Monsieur Bertin</it>, J. D. A. Ingres - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

Monsieur Bertin, J. D. A. Ingres

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