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ÉGÉEN MONDE

Mycènes

Les tombes à fosse

Soudain, sans que rien l'ait annoncée, apparaît à Mycènes vers 1650 avant J.-C. une civilisation brillante, dont la richesse contraste avec la pauvreté de la civilisation mésohelladique ; l'une et l'autre vont coexister pendant un siècle au moins, Mycènes conservant pour elle seule sa prospérité nouvelle. De cette civilisation, nous ne connaissons que les grandes tombes réparties dans les deux cercles funéraires A et B sur les pentes de l'Acropole. La demeure princière, dont il est logique de supposer l'existence dans le voisinage de ces tombes, n'a laissé aucune trace et cette disparition totale est sans doute l'effet des multiples constructions qui se sont succédé sur le site.

Les tombes sont, elles, d'apparence assez modeste : grandes fosses rectangulaires creusées dans le rocher à des profondeurs variables, leurs parois sont doublées de petits murs de moellons ou de briques ; le sol est recouvert de simple cailloutis. La couverture, faite d'une couche de branchages ou de dalles enduites d'argile, est soutenue par de grosses poutres à embouts métalliques. La chambre funéraire n'est accessible que par le puits vertical au fond duquel elle est construite, et cette disposition n'autorise pas le grandiose cérémonial qui caractérisera plus tard les tombes royales à tholos : une fois le corps déposé sur le sol, on construit la couverture par-dessus, on remplit le puits de terre, puis on élève un tumulus sur lequel est placée une stèle. L'enceinte funéraire qui entoure et isole les tombes est la seule concession faite à l'apparat. Celle du cercle B est mal conservée, mais contemporaine des tombes ; celle du cercle A est la traduction sur un mode plus grandiose de l'enceinte primitive. L'une et l'autre ont un diamètre voisin de 28 mètres et ne dépassent guère 1 mètre en hauteur ; l'une et l'autre sont faites de deux murs concentriques séparés par un mélange de terre et de cailloux. Dans le cercle A, les pierres brutes sont remplacées par des dalles dressées de chant sur lesquelles reposaient des poutres et une couverture de grandes plaques ; en outre, vers le nord, s'ouvrait une entrée monumentale qui ne fut jamais fermée par une porte.

On a considéré les tombes à fosse de Mycènes comme la version royale des tombes à ciste mésohelladiques : les tombes à fosse reproduiraient le type de la ciste en le portant à des dimensions supérieures, la plus grande atteignant 6,40 mètres de long et 4,50 mètres de large, la profondeur pouvant aller jusqu'à 4 mètres. Mais n'y a-t-il pas en fait hétérogénéité ? Alors que la ciste est seulement couverte de dalles, la couverture des tombes à fosse fait un assez large usage du bois sous la forme de poutres ou de branchages. Cette modification peut n'être due qu'aux dimensions nouvelles qui requièrent un toit plus solide ou plus léger, mais il ne faut pas oublier qu'une technique comparable existe, à une date plus reculée il est vrai, vers la fin du IIIe millénaire, sur le site d'Aladja Hüyük en Anatolie. Ces différences architecturales s'accompagnent de différences importantes dans le domaine des coutumes funéraires. Dans les tombes à fosse, les corps sont placés indifféremment en position étendue ou dans la position repliée qui est de règle dans les tombes à ciste. La sépulture n'est plus individuelle mais familiale, et l'on a compté jusqu'à cinq corps dans une tombe du cercle A. On note enfin une coutume qui subsistera plusieurs siècles, le rassemblement dans un coin de la tombe de tous les ossements plus anciens, quand il n'y a pas assez de place pour le nouveau défunt.

Le mobilier des tombes

À l'extrême dénuement des tombes mésohelladiques, sans aucun doute délibéré car il n'est pas de famille si pauvre même à cette époque[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences d'archéologie du Proche-Orient à l'université de Lyon-II

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Mycènes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mycènes

Monde égéen : la chronologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

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