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MONDIALISATION Globalisation financière

Les bénéfices escomptés de la globalisation financière

Alors qu'il existe un quasi-consensus parmi les économistes sur les gains du libre-échange pour les marchandises, ceux-ci sont beaucoup plus divisés en ce qui concerne les coûts et les bénéfices de la globalisation financière. Au cours des années 1990, après avoir soutenu la libéralisation des mouvements de capitaux, les économistes, au vu des multiples crises des pays émergents, épousent une vue beaucoup plus critique.

Croissance et développement des pays émergents

Le commerce d'actifs financiers n'est fondamentalement pas si différent du commerce de biens. Ce n'est après tout qu'un échange différé de biens, puisque, en achetant un actif financier, on échange des biens aujourd'hui contre des biens dans le futur. S'il existe un surplus d'épargne en Europe, par exemple en prévision du vieillissement de la population, celui-ci peut s'investir dans les pays émergents où, en revanche, il existe un besoin de financement pour des investissements dont on peut penser que le rendement économique (et social) est plus élevé qu'en Europe. Dans ce cas, il y a bien des gains mutuels. La globalisation financière offre aux pays émergents une puissante opportunité de financer leur développement. Cela ne constitue pas un aspect très controversé de la globalisation financière.

Mais, bien qu'il soit important, ce type d'argument ne suffit certainement pas à légitimer la position qui a régné au Trésor américain, au F.M.I. et à la Banque mondiale pendant les années 1990, et qu'on a appelé le « consensus de Washington ». Ce consensus a constitué la base idéologique permettant de justifier la pression exercée sur les pays en développement pour qu'ils libéralisent rapidement les mouvements de capitaux. La libéralisation des mouvements de capitaux n'a cependant pas été directement imposée aux pays émergents. Dans le cas de la Thaïlande par exemple, c'est contre l'avis du F.M.I. que ce pays décida de s'ouvrir aux mouvements de capitaux. La crise qui suivit en 1997 donna le coup d'envoi de la crise asiatique.

La remise en cause du consensus de Washington

La succession des crises financières dans les pays émergents a, de manière spectaculaire, remis en cause la vision du début des années 1990 d'une globalisation financière qui permettrait le développement rapide des pays émergents. Sur le plan empirique, les études (Aizenmann, 2002, et Prasad et al., 2003) ont montré que la libéralisation des mouvements de capitaux précède généralement la survenue des crises financières : cela est vrai pour l'Amérique latine des années 1980 comme pour l'Asie en 1997. En dehors des économies émergentes, cela a été le cas également de l'Europe, au début des années 1990, avec la crise du Système monétaire européen, précédée de peu par la libéralisation totale des mouvements de capitaux.

Même avant la crise asiatique de 1997, il était manifeste que les arguments qui fondaient le « consensus de Washington » exagéraient le rôle positif de l'ouverture des pays émergents aux marchés de capitaux internationaux pour la croissance et le développement. Certes, les pays qui ont libéralisé les mouvements de capitaux ont, en moyenne, connu des taux de croissance plus élevés que les autres, mais l'effet est quantitativement faible et le sens de la causalité pas très clair, comme l'a reconnu une étude du F.M.I. (E. Prasad et al., 2003). D'ailleurs, le miracle économique de l'Europe des Trente Glorieuses s'est effectué sans liberté des mouvements de capitaux. De même, le « miracle asiatique » des années 1980-1990 est en grande partie attribué à une épargne nationale atteignant 30 p. 100 du revenu. L'investissement fut financé essentiellement par cette épargne nationale[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord

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Média

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978 - crédits : Bettmann/ Getty Images

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